Asilah. A l'instar de la ville de Meknès, Asilah devient, à l'occasion de l'Aïd Al Mawlid, un lieu de pèlerinage des Aïssaoua et de leurs adeptes. Une vieille tradition qui enrichit l'histoire de cette ville. Dans l'après-midi du deuxième jour de l'Aïd Al Mawlid, juste après la prière d'Al Asr, les gens se rassemblent près de la zaouiya de Sidi Mohamed Benaïssa à Asilah. Ils viennent assister à la cérémonie rituelle organisée par des troupes d'Aïssaoua, en provenance des différentes régions avoisinantes d'Asilah. «Nous avons l'habitude de venir chaque année à la zaouiya de Sidi Mohamed Benaïssa, qui est l'un des petits fils de Cheïkh El Kamel El Hadi Benaïssa dont le mausolée est à Meknès. Je fais partie de la troupe Taïfa Laâssaouiya et nous sommes venus à pied de Mzoura (à 10 km d'Asilah)», explique Cheïkh Chaouri, M'kadam (patron) de cette troupe, constituée de treize personnes originaires des régions d'Asilah et de Larache. Les membres de la troupe Taïfa Laâssaouiya exercent différents métiers, ils sont vendeurs de bétail, bouchers, commerçants ou marchands ambulants. «Nous arrêtons toutes nos activités et nous nous considérons en congé annuel pour venir nous joindre aux autres confréries religieuses qui viennent en pèlerinage à l'occasion de l'Aïd Mawlid à la zaouiya de Sidi Mohamed Bennaïssa», affirment les autres membres de cette troupe. Le Marabout Sidi Mohamed Benaïssa, enterré à Asilah et plus précisément dans la zaouiya qui porte son nom, est le petit fils de Cheïkh El Kamel Sidi Mohamed Benaïssa, fondateur de la Tarika Aïssaoua. En consultant l'arbre généalogique des chorfas aïssaouiyine d'Asilah, on découvre que ce Marabout est le fils d'El Yazid oueld Cheïkh El Kamel El Hadi Benaïssa. Selon Chérif Mustapha Laâssaoui, petit fils de Sidi Mohamed Benaïssa, la commémoration de la naissance du Prophète Sidna Mohammed par la confrérie des Aïssaoua est une vieille tradition que «les chorfas aïssaouiyine d'Asilah ont hérité de leurs ancêtres. Depuis la mort de mon père il y a deux ans poursuit-il, je préside les festivités religieuses animées par les troupes d'Aïssaoua». Par ailleurs, la ville d'Asilah accueillait dans les années 70 et jusqu'aux années 80, à l'occasion de la fête d'Aïd Al Mawlid, plus de 50 Taïfas (troupes) des Aïssaoua qui venaient de Mzoura, Dmina, Touijna et Ouelad Ben Hmaïda. Bien que ce nombre a beaucoup baissé ces derniers temps, cette tradition existe toujours à Asilah. «Les troupes d'Assaoua et les adeptes de cette confrérie arrivent à Asilah la veille de l'Aïd Al Mawlid et vivent en communauté pendant une semaine dans des maisons qu'ils louent ou tout simplement dans la zaouiya de Sidi Mohamed Benaïssa», indique Chérif Mustapha Laâssaoui. Il fait observer que «le rituel commence dans la matinée de l'Aïd Al Mawlid. La maison du Mkadem d'Aïssaoua d'Asilah, Sidi Abdeslam Saïrine, est le lieu de rassemblement des troupes d'Aïssaoua qui doivent d'abord réciter le «Hizb» (versets du Saint Coran) et psalmodier le «Dikr» (louanges du Prophète Sidna Mohammed)». Commence alors la procession. qui doit passer par Dar chorfa Lkbira, avant d'arriver à zaouiya de Sidi Benaïssa où on immole des bœufs et des moutons en guise d'offrandes. D'après Chérif Mustapha Laâssaoui, «hormis la ville de Meknès, seuls Asilah et Rabat, où les descendants de Cheïkh El Kamel Sidi Mohamed Benaïssa sont enterrés, deviennent, pour l'occasion, des lieux de pèlerinage pour les Aïssaoua et leurs adeptes».