Mauritanie. L'ancien opposant Ahmed Ould Daddah a vu sa position renforcée après avoir bénéficié du soutien de Ibrahima Moctar Sarr, candidat qui n'a pas accédé au 2ème tour des présidentielles. Un des principaux candidats à l'élection présidentielle en Mauritanie Ibrahima Moctar Sarr, arrivé 5 ème au premier tour le 11 mars, a annoncé mardi 20 mars qu'il soutient l'ancien opposant Ahmed Ould Daddah au second tour le 25 mars. Lors d'une conférence de presse à Nouakchott, M. Sarr a précisé avoir effectué ce choix au terme de «négociations sans a priori» avec les deux candidats en lice. Il a estimé que son positionnement en faveur de M. Ould Daddah constitue pour lui «le choix de l'avenir». Ce ralliement vient renforcer la position de Ould Daddah après le revers subi lundi à la suite du positionnement de l'ex-opposant Messaoud Ould Boulkheir (9,79% au premier tour), en faveur de Sidi Ould Cheikh Abdallahi (ex-majorité présidentielle). La semaine dernière, Ahmed Ould Daddah avait obtenu l'appui du candidat du Parti pour la liberté, l'égalité et la justice (PLEJ) Bâ Mamadou Alassane qui avait recueilli au premier tour 0,55% des suffrages. L'ancien opposant avait également eu le soutien du Rassemblement pour le dialogue des nationalités (RDN). Il s'agit d'une organisation de la diaspora créditée d'une grande influence dans la vallée du fleuve. Demi-frère du premier président mauritanien, Mokhtar Ould Daddah, il bénéficie depuis 1992 d'une réputation d'opposant irréductible à l'ancien président Maaouiya Ould Taya, renversé en 2005. Âgé de 65 ans, il a été deux fois candidat malheureux à la présidence en 1992 et en 2003. Plusieurs fois emprisonné, cet ancien opposant a vu sa popularité augmentée grâce notamment à sa détermination. Ahmed Ould Daddah est né en 1942 à Boutilimit (150 km à l'est de Nouakchott). Titulaire d'un diplôme d'études supérieures en sciences économiques à l'université de Dakar, il a été nommé conseiller économique et financier. Il a occupé ensuite le poste de gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie. En 1978, peu avant l'éviction de son demi-frère qui fut comme lui mis en prison, M. Ould Daddah dirigeait le ministère des Finances. Après sa libération, il va occuper des postes importants à l'étranger, comme administrateur de l'Union des banques arabes et françaises. De 1986 à 1991, il devint expert économique de la Banque mondiale (BM), conseiller économique et financier auprès du gouvernement centrafricain. Ahmed Ould Daddah est certes un opposant charismatique, mais il est loin d'être un fanatique. Avant le premier tour des présidentielles, M. Ould Daddah avait même promis de «ne pas fouiner dans le passé». Il a déclaré que s'il est élu, il accordera à Ould Taya, exilé au Qatar, la possibilité de retourner au pays avec les privilèges d'un «ancien chef d'Etat». Au second tour, il sera opposé à un autre vétéran politique Sidi Ould Cheikh Abdallahi, soutenu par l'ancienne majorité présidentielle. Cette ultime étape marquera la fin du processus de restitution du pouvoir aux civils. Un second tour très serré Le second tour de l'élection présidentielle en Mauritanie le 25 mars s'annonce très serré en raison d'un report de voix incertain. «Le report des voix sera incertain. Tout dépendra de la capacité de chacun à lancer la dynamique du changement, surtout pour Ahmed Ould Daddah», selon Mohamed Fall Ould Oumer, directeur de "La Tribune", hebdomadaire le plus lu dans le pays. «Je pense que tous auront plus recours aux forces traditionnelles (chefs de tribus, notables religieux...) qu'aux forces politiques qui mobilisent difficilement l'électorat», a-t-il ajouté.