La «guerre contre le terrorisme» est devenue un véritable enjeu politique en Europe et surtout chez les alliés des Etats-Unis. En Italie, elle a provoqué la démission de Romano Prodi. A Rome, pas de Dolce Vita politique, mais grande crise. Après dix mois de tension permanente, Romano Prodi, trahi par les communistes, est mis en échec sur sa politique étrangère: l'engagement des soldats italiens en Afghanistan et l'élargissement de la base américaine de Vicence, dans le nord du pays. Mercredi soir, le gouvernement italien a présenté sa démission au Chef de l'Etat. Crise donc, mais la manœuvre du «Romain» a été intelligente car, constitutionnellement, rien ne l'obligeait à mettre la clé sous paillasson. Mais en procédant de la sorte, il place désormais ses alliés devant leur responsabilité. Le chef de l'Etat, Giorgio Napolitano, peut soit dissoudre le Parlement et appeler à nouvelles élections législatives (peu probable), soit refuser cette démission. Cette nouvelle crise politique dans la Péninsule a été enclenchée après que le Sénat ait désavoué la politique étrangère du gouvernement de centre gauche. Le cabinet Prodi, en fonction depuis le printemps dernier, a donc subi son plus grave revers au Sénat, où il a été mis en minorité. Cent cinquante-huit sénateurs seulement ont soutenu la politique étrangère du gouvernement, en dessous des 160 voix requises pour obtenir la majorité. Les sénateurs de l'opposition ont alors aussitôt réclamé la démission du gouvernement. En Italie, à l'instar des autres pays européens et surtout les fidèles alliés des États-Unis, la «guerre contre le terrorisme» est devenu ces derniers temps un véritable enjeu politique. Le fiasco en Irak et la montée de l'insurrection en Afghanistan ont fait que l'opinion publique dans plusieurs pays affiche de plus en plus son mécontentement envers la politique américaine. En Grande-Bretagne, l'échec en Irak a provoqué une chute vertigineuse de la cote de popularité de Tony Blair même si, sur le plan économique et social, le bilan du Premier ministre est jugé satisfaisant par certains observateurs. Pressé par l'opinion publique, le locataire du 10 Downing Street a été obligé de faire marche arrière sur l'engagement des forces britanniques dans ce pays en proie à la guerre civile. Mercredi à la Chambre des communes, celui qui fut le principal allié du président américain George W.Bush lors de l'invasion de l'Irak en mars 2003 a annoncé que 1600 soldats quitteront la région de Bassora, dans le sud du pays, d'ici quelques mois. Il a annoncé que 500 d'entre eux seraient rentrés d'ici l'été. Selon les observateurs britanniques, Tony Blair a pris cette décision sous pression des membres de son parti qui redoutent de subir une sévère défaite lors des élections locales et régionales début mai, notamment en Ecosse. Le soutien de la politique américaine a même été évoqué lors de la campagne présidentielle en France. Critiqué par ses adversaires pour être trop proche des Américains et du président Bush, le candidat UMP, Nicolas Sarkozy, a assuré mercredi qu'il n'hésiterait pas à « dire non» aux États-Unis en cas de désaccord avec eux s'il est élu président.