Si la crise avec Téhéran devait se compliquer, la riposte militaire américaine ne viserait pas uniquement les installations nucléaires, indique la chaîne britannique BBC. L'état-major américain a déjà sélectionné ses cibles en Iran, au cas où preuve serait faite que Téhéran développe un armement nucléaire, confirme la BBC, mardi 20 février, citant des "sources diplomatiques". Ces cibles incluent l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz, d'autres installations nucléaires à Ispahan, Arak et Boushehr, ainsi que des cibles militaires (bases aériennes et navales, rampes de missiles et centres de commandement). La chaîne d'information publique britannique souligne qu'une campagne de bombardement aérien est également prévue en représailles d'une éventuelle attaque de l'Iran «tuant de nombreux Américains sur le territoire de son voisin irakien». Des bombardiers américains B2, furtifs et à long rayon d'action, larguant des bombes anti-bunker, pourraient être dépêchés afin d'atteindre le site de Natanz, enfoui à 25 mètres sous terre, précise la BBC. Une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies donne à l'Iran jusqu'au 21 février pour suspendre son programme d'enrichissement d'uranium, le combustible nécessaire à toute utilisation de l'énergie nucléaire, qu'elle soit à fin civile ou militaire. En dépit de ces menaces, l'Iran refuse de céder. Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a une nouvelle fois rejeté hier toute suspension préalable des activités d'enrichissement d'uranium. «Ils nous disent "venez négocier le dossier nucléaire iranien mais la condition est que vous cessiez vos activités". Nous avons dit que nous étions prêts à des négociations mais que les conditions de ces négociations devaient être justes», a déclaré Mahmoud Ahmadinejad lors d'un discours dans le nord de l'Iran, diffusé sur une chaîne publique iranienne. Le président iranien a même ironisé en affirmant que Téhéran serait prêt à suspendre l'enrichissement d'uranium... si les pays occidentaux faisaient de même. «Suspendre notre programme nucléaire pour entamer les négociations ne pose pas de problème, mais la justice veut que ceux qui veulent négocier avec nous suspendent leur programme également. Alors nous pourrons dialoguer dans une atmosphère d'équité», a-t-il martelé. Ces propos interviennent à la veille de la publication ce mercredi du rapport de Mohamed El Baradei, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Ce rapport devrait confirmer que le régime de Téhéran enrichit l'uranium de manière croissante. Selon M. El Baradei, «l'Iran pourrait atteindre le stade industriel de l'enrichissement d'ici six mois ou un an, mais il ne pourrait produire d'arme nucléaire avant cinq ou dix ans». À quelques jours de l'expiration du délai fixé par le Conseil, la réponse de l'Iran est claire. Téhéran a procédé à des tirs de missiles pour montrer que sa nation était prête à se défendre en cas d'agression. Retard dans la construction d'une centrale nucléaire La construction de la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr a pris du retard. Des problèmes financiers en seraient à l'origine et plus particulièrement le choix de Téhéran de payer ses transactions en euros plutôt qu'en dollars. La centrale de Bouchehr est construite par une société russe. «La mise en route était programmée pour septembre 2007, le réacteur pour novembre. Mais maintenant nous allons devoir procéder à certains ajustements sur le planning de construction, tout dépend des négociations en cours avec les Iraniens , a déclaré Sergueï Novikov de l'Agence fédérale nucléaire russe. Décidé au début des années 90, le projet de construction de cette centrale est devenu de plus en plus sensible politiquement au fil des ans. Et les sanctions de l'ONU compliquent également la fourniture de certaines pièces.