La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et quatre de ses homologues européens se sont réunis, jeudi à Londres, pour débattre du nucléaire iranien en marge de la conférence sur l'Afghanistan. Le Français Bernard Kouchner, l'Allemand Guido Westerwelle et le Britannique David Miliband, représentant les trois membres européens du groupe des Six, ont participé à la réunion, de même que l'Italien Franco Frattini, a-t-on rapporté de source américaine. Les Six (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) tentent en vain de négocier avec Téhéran, toujours soupçonné de développer des capacités militaires sous couvert d'un programme nucléaire civil. Après des mois d'impasse, ils travaillent à d'éventuelles nouvelles sanctions, envers lesquelles la Chine est toutefois réticente. Les cinq ministres ont "discuté de l'état actuel du dossier et de possibles nouvelles actions, tant à New York (au siège de l'ONU, ndlr) qu'au sujet d'une meilleure mise en oeuvre des mesures existantes", a poursuivi cette source diplomatique s'exprimant sous couvert d'anonymat. Stuart Levey, le secrétaire-adjoint américain au Trésor chargé du terrorisme et des renseignements financiers, a notamment fait aux participants un "bref exposé sur les efforts communs du Trésor et du département d'Etat". Interrogé au cours d'un point de presse, M. Kouchner a avancé, sans autres détails, qu'il y avait "des avancées dans les pourparlers entre les 5+1" et que "nous continuions d'y travailler". Mme Clinton avait déjà saisi mercredi l'occasion des réunions de Londres sur l'Afghanistan et le Yémen (mercredi) pour tenter de convaincre ses alliés de sanctionner l'Iran en raison de son programme nucléaire, obtenant une réponse encourageante de la Russie. Elle devait s'entretenir jeudi après-midi en tête-à-tête avec le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi. Ces intenses efforts diplomatiques interviennent près d'un mois après la fin du délai que les Etats-Unis et la France avaient soumis à l'Iran pour répondre à une offre de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de faire enrichir son uranium à l'étranger. Adoption d'un projet de loi de sanctions par le Sénat américain Le Sénat américain a adopté jeudi soir un projet de loi permettant au président américain de sanctionner les importations d'essence iraniennes pour obliger Téhéran à se conformer à ses obligations internationales concernant son programme nucléaire. Le texte a été adopté par "consentement unanime", une majorité de sénateurs n'ayant pas manifesté d'opposition lors d'un vote oral. Les nouvelles sanctions viseraient à perturber l'approvisionnement en essence de la république islamique qui, bien qu'étant l'un des premiers producteurs mondiaux d'or noir, importe 40% de son essence, faute de capacités de raffinage suffisantes. Le texte doit encore être fusionné avec celui de la Chambre des représentants, qui a déjà adopté sa propre version en décembre, avant d'être envoyé au président Barack Obama pour promulgation. Parmi les mesures mises en avant, le texte du Sénat interdit les importations de tapis, de pistaches et de caviar iraniens. Les possibilités de sanctions existantes sur les entreprises étrangères qui ont plus de 20 millions de dollars d'investissement dans le secteur de l'énergie en Iran, sont élargies à toute une série d'institutions financières, à leurs filiales et à des compagnies d'assurances. Le texte vise implicitement les principaux fournisseurs étrangers de pétrole raffiné dont les Suisses Vitol et Glencore, le Néerlando-suisse Trafigura, le Français Total, le Britannique British Petroleum, ainsi que l'Indien Reliance. Parallèlement, les sénateurs insistent sur la question des droits de l'homme. Le texte contient une résolution demandant au président américain de faire pression sur le gouvernement iranien pour qu'il respecte les libertés individuelles de ses citoyens. Le texte des représentants prévoit d'interdire à une société pétrolière de bénéficier de contrats avec le département américain de l'Energie dans le cadre de l'approvisionnement de la réserve stratégique si elle vend des produits pétroliers à l'Iran pour plus d'un million de dollars.