Il n'y aura pas de poursuites judiciaires contre Assahifa. Cette publication, après des excuses, a décidé de suspendre sa parution. Les professionnels, syndicat et fédération des éditeurs, se saisissent de l'affaire. Il n'y aura pas de poursuites judiciaires contre le quotidien Assahifa après la publication d'articles portant des accusations graves contre la personne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. D'ailleurs, le Souverain, dans une lettre adressée par le Cabinet royal à la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) et au Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), a annoncé avoir décidé de ne pas poursuivre ledit journal. Selon une source autorisée, les derniers développements de cette affaire (interventions des professionnels, lettre d'excuses et auto-suspension), font que l'affaire «est réglée d'elle-même». Ce qui justifie également la décision du gouvernement de ne pas intervenir, note encore la même source qui évoque «une maturité nouvelle» en référence aux interventions et déclarations et de la FMEJ et du SNPM. La première, par la voix de son président, a estimé que l'article publié par Assahifa, dans son édition de mardi dernier, constituait «une atteinte à la déontologie de la profession et une violation des lois en vigueur au Maroc». La FMEJ, dotée d'une charte déontologique, dit s'en tenir à deux principes de base concernant ce genre de dérives. Il s'agit tout d'abord du respect dû au chef de l'Etat qui est en même temps Commandeur des Croyants, mais aussi du respect dû à l'institution et à la personne du chef de l'Etat comme c'est la tradition partout dans le monde. De son côté, le SNPM a consacré la réunion hebdomadaire de son bureau national aux accusations graves contre le Souverain contenues dans l'écrit de Assahifa. L'organisation syndicale des journalistes affirme, à l'issue de cette réunion, que ledit article pose «une grande problématique qui a trait à l'éthique du journalisme, à ses traditions et règles». Pour le SNPM, ces règles et usages veulent que soient recoupées et vérifiées de telles accusations graves et que ces dernières, contenues dans une lettre, un communiqué ou une déclaration, ne sauraient faire l'objet d'une publication sans se baser sur des preuves. «La presse ou le média ne peut pas se transformer en "intermédiaire" pour véhiculer des accusations et allégations sans en assumer la pleine responsabilité», ajoute le communiqué émis par le SNPM à l'issue de sa réunion de mardi. «Si ces précautions sont nécessaires concernant tout citoyen, elles doivent encore être mieux observées quand il s'agit de chefs d'Etat comme le veulent toutes les traditions démocratiques (...) pour ce qu'ils représentent en tant que symboles de souveraineté et d'union», conclut le SNPM. D'ailleurs, FMEJ et SNPM ont exprimé, hier, leur satisfaction et ont salué la décision royale de ne pas engager de poursuites contre Assahifa. Cette publication a présenté, le même jour de la publication de l'article incriminé, des excuses affirmant que la lettre ayant servi de base à ses écrits «comportait des informations équivoques et contradictoires». Les journalistes de Assahifa, renseignements pris, affirment que ladite lettre n'était pas la première du genre et que des lettres similaires avaient déjà été adressées à des personnalités aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. Assahifa, en plus de sa lettre d'excuses, se plaint de «dysfonctionnements de gestion». De ce fait, elle a pris la décision de suspendre provisoirement sa parution. La noblesse d'une décision Sa Majesté le Roi Mohammed VI, par le biais d'une lettre adressée par le Cabinet royal à la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) et au Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), a décidé de ne pas poursuivre le journal Assahifa. Dans cette lettre portant la signature de Mohamed Moatassim, conseiller du Souverain, il est écrit que Sa Majesté le Roi, prenant en considération les excuses dudit quotidien et sa décision de suspendre sa parution, a décidé de "se placer au-dessus de ces hallucinations" et s'abstient de toute poursuite judiciaire contre Assahifa. La décision de Sa Majesté le Roi, ajoute cette lettre, datée du 30 janvier 2007, atteste de «la volonté royale de soutenir l'action d'une presse professionnelle et responsable qui travaille, dans le cadre de la suprématie de la loi et le renforcement des acquis démocratiques du Royaume, à s'acquitter de sa noble mission d'information du citoyen marocain (...) dans une observance totale des principes, des valeurs et de l'éthique de la profession et ses conditions basées sur l'honnêteté et l'objectivité». Cette lettre, dans son préambule, estime que les allégations contenues dans l'article de Assahifa visent, de manière préméditée, à porter atteinte à la personne du Souverain, Amir Al Mouminine, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, symbole suprême de la Nation, de sa souveraineté et garant des droits et libertés des individus et des groupes. Ces allégations, ajoute la même lettre, visent à semer la confusion au sein de l'opinion publique, mais aussi à porter atteinte à la crédibilité de l'action de l'Etat. La décision de Sa Majesté le Roi de n'engager aucune poursuite judiciaire contre Assahifa a été favorablement accueillie par la FMEJ et le SNPM La première a salué cette décision qualifiée de "positive". La décision de Sa Majesté le Roi renvoie la balle dans le camp d'une profession face à une nécessaire autorégulation pour éviter ce genre de dérapages. Le SNPM, pour sa part, a émis un deuxième communiqué où il salue cette «position noble qui appelle les journalistes à assumer eux-mêmes la responsabilité du respect de la déontologie de la profession». Le SNPM, qui évoque la lettre du Cabinet royal, dit être prêt à persévérer dans son action pour développer le secteur de la presse et des médias et contribuer à la défense des intérêts suprêmes de la patrie.