Le Crédit Agricole qui vient de tenir sa grande convention annuelle, samedi 27 janvier 2007, au Théâtre Mohammed V à Rabat, affiche un bilan en avance sur ses prévisions. La 7ème convention du Crédit Agricole, tenue le samedi 27 janvier 2007 intervient alors que la banque du monde rural occupe la quatrième position du marché marocain. D'où de nouveaux objectifs et une nouvelle vision. «Nous sommes une banque décomplexée. Notre ambition n'est plus de démontrer que le Crédit Agricole est pérenne, puisque nous sommes quatrième sur la place avec une forte probabilité d'être troisième», lance Tarik Sijilmassi, le président de la banque. Aux cadres qui l'écoutaient, en liaison duplex pour certains, il explique sa conception d'une «banque importante» à laquelle il veut identifier le Crédit Agricole : «Ce n'est pas nécessairement une banque qui gagne le plus d'argent, ni qui est la plus grande. Il ne s'agit pas non plus de rentrer dans une spirale effrénée de guerre de parts de marchés. Une banque importante est une banque patriote avec un vrai impact dans le monde rural». Sur le plan financier et opérationnel, c'est plutôt le satisfecit. Les objectifs chiffrés de Cap 2008, sont soit réalisés ou en cours de réalisation sur l'exercice 2007. Aussi après une «cavalcade effrénée», l'exercice actuel sera consacrée à apporter quelques réglages d'ordre qualitatif et à clore un certain nombre de chapitres. La force actuelle du Crédit Agricole est le résultat d'un virage stratégique entrepris en novembre 2003, suite à l'adoption du statut de Société anonyme avec directoire et conseil de surveillance. Un virage négocié notamment, comme l'a rappelé le directeur général, Karim Belmaâchi, par la recapitalisation et une ouverture du capital faite sur la base d'une revalorisation du Crédit Agricole à 5 milliards de dirhams. Aujourd'hui, le capital de la Banque est détenu par l'Etat à hauteur de 78%, la Caisse de dépôt et de gestion pour 15% et l'ensemble Mamda-Mcma à 7%. A l'époque, les différents partenaires ont accepté de faire confiance à la capacité de développement de la banque, y compris les privés qui ont accepté de reconsidérer les dettes subordonnées du CAM (soit 1,2 milliard de dirhams) sur dix ans. Sur l'intervalle 2003-2006, la banque a enregistré une baisse substantielle du coût des ressources, passés de 2,39% à 1,78%. Outre la neutralisation du risque de change (la banque ne fait plus d'emprunts en devises), il y a lieu de noter que le taux de créances en souffrance s'est fortement réduit, passant de 45 à 26%. La banque qui a finalisé courant 2005-2006 l'opération d'abandon de la dette de 100 000 petits agriculteurs a adopté une nouvelle organisation, centrée désormais sur le client. L'absorption de la BMAO a été plutôt bénéfique, ayant apporté au Crédit Agricole, 32 agences en plus du capital humain et des différentes synergies. Preuve en est, en 2006 les ressources clientèles ont atteint 35,8 milliards de dirhams, soit sept fois plus qu'en 1997 et à désormais quelques poussières de chiffres de l'objectif du cap 2008, fixé à 36,7 milliards. Progression que l'on retrouve aussi dans l'indicateur phare d'une banque, à savoir le PNB, passé de 800 millions en 2003 à 1,65 milliard en 2006. Ces bons résultats poussent les 2 980 employés de la banque à se concentrer désormais sur de nouveaux objectifs, y compris l'introduction en Bourse, programmée en 2008. En attendant cette échéance, pour l'année 2007, le Crédit Agricole du Maroc vise à renforcer certains services aux particuliers. Cas de l'immobilier où la banque espère réaliser plus d'un milliard de dirhams de prêts. Le lancement prochain de «Ardi Biladi », un nouveau produit permettant l'acquisition de logements secondaires dans le milieu rural va booster sans doute ce créneau.