Au Burkina Faso les journalistes sont mécontents. Ils dénoncent la politique de harcèlement des autorités envers les médias. Un collectif s'est constitué pour dénoncer cette pratique jugée incorrecte. "Laissez les journalistes faire leur travail tranquillement !". C'est le message qui transparaît à la lecture de cette déclaration du Collectif dénonçant le harcèlement dont sont victimes les médias depuis 2006. Il invite par ailleurs les autorités compétentes à dépénaliser les délits de presse. Tout au long de l'année 2006, de nombreux journaux ont été attraits devant les tribunaux. Cette offensive contre la presse intervient au lendemain du non-lieu prononcé par la justice dans le dossier Norbert Zongo. Elle constitue des tentatives de bâillonnement des journaux et journalistes qui s'adonnent au journalisme d'investigation, dénoncent les faits de corruption et de détournements avérés et les passe-droits, les crimes économiques et de sang, l'impunité. Ainsi, le 8 janvier 2007, le directeur de publication du bimensuel burkinabè l'Evénément, Germain Bitiou Nama, et son rédacteur en chef, Newton Ahmed Barry, comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Ouagadougou pour diffamation par voie de presse sur la personne de François Compaoré, petit-frère du Président Blaise Compaoré et conseiller spécial de ce dernier. La citation à comparaître fait suite à un dossier de trois articles publiés dans l'Evènement numéro 102 du 25 octobre 2006 dans lequel François Compaoré estime qu'il y a des allégations et imputations de faits qui portent atteinte à son honneur et à sa considération. Les articles, écrits et photos visés, ont trait à une requête de l'Organisation internationale de défense des journalistes «Reporters sans frontières» demandant la réouverture du dossier Norbert Zongo. Norbert Zongo, journaliste et directeur de publication de l'hebdomadaire L'Indépendant, a été assassiné avec trois de ses compagnons le 13 décembre 1998 à 100 km environ au sud de Ouagadougou.