Le rôle des syndicats se limitant à la défense des intérêts de ses adhérents, l'organisation de M. Al Joundi n'est pas du tout habilitée à porter des jugements de valeur sur le travail des hommes de théâtre ou du septième art, a fortiori recourir à l'invective et à l'excommunication dans des proportions franchement scandaleuses ! Les positions radicales, qui ne respectent pas la diversité et le pluralisme, se retrouvent tout de suite à la Une des journaux comme Attajdid. Un journal qui fait feu de tout bois à l'affût de tout ce qui conforte la pensée unique de ses maîtres et leur propension à vouloir régenter coûte que coûte la vie des Marocains. C'est ce qui est arrivé avec un communiqué du Syndicat du théâtre marocain signé de son secrétaire général Mohamed Hassan Al Joundi qui dénonce avec virulence le long métrage “Marock“ de Leïla Marrakechi comme étant un travail qui “consacre le colonialisme culturel et l'allégeance à la néo-francophonie“ tout en appelant à boycotter ce genre de films “empoisonnés“. Au passage, il n'a pas oublié de louer la position de Mohamed Asli qui s'est distingué lors du festival du film de Tanger par sa charge virulente contre l'œuvre de Mme Marrakechi. Le ton du communiqué et les expressions utilisées sont empruntés à cette littérature obscurantiste dont les auteurs s'en sont déjà pris aux festivals et aux centres culturels étrangers. Pas besoin que ces derniers tirent à boulets rouges sur ce film controversé : M. Al Joundi a exécuté le sale boulot à leur place. C'est grave qu'une instance de ce type, supposée rassembler sous son égide des artistes et des intellectuels libres et modernes, se rend coupable d'une telle forfaiture. Le rôle des syndicats se limitant à la défense des intérêts de ses adhérents, l'organisation de M. Al Joundi n'est pas du tout habilitée à porter des jugements de valeur sur le travail des hommes de théâtre ou du septième art, a fortiori recourir à l'invective et à l'excommunication dans des proportions franchement scandaleuses ! Dans cette affaire obscure dont le vrai moteur est peut-être la jalousie et des petits calculs, les détracteurs de Leïla Marrakechi ont révélé un autre visage : ils se sont érigés en commissaires artistiques, qui attaquent tout ce qu'ils considèrent comme “cinématographiquement incorrect“ ou ne cadrant pas avec leurs goûts. Plus grave encore, le communiqué a été adressé exclusivement à la rédaction d'Attajdid. Ce qui laisse supposer des liens entre les islamistes et la structure d'Al Joundi. Il ne reste plus à ce dernier et à ses camarades qu'à aller prendre leur carte chez le PJD et déclarer leur affiliation à cette formation politique que beaucoup de monde d'ailleurs courtise ces derniers temps. Or, si ce syndicat cherche lui aussi à se positionner et à plaire aux islamistes légalisés, il n'a pas à le faire sur le dos d'une cinéaste qui a fait un travail que seul le public a le droit de juger. Et puis, le Syndicat du théâtre marocain ferait mieux de s'investir dans l'amélioration de la situation des comédiens de ce pays. Dans ce domaine, tout évidemment reste à faire pour doter le Maroc d'une vraie élite culturelle et artistique capable de le tirer vers le haut.