L'entretien, jeudi à Amman, entre Bush et Maliki a coïncidé avec la publication d'une note de service confidentielle embarrassante pour la Maison-Blanche. Le président américain Georges W. Bush et le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki se sont entretenus, jeudi 30 novembre, à Amman au sujet de la situation en Irak. L'entretien s'est déroulé autour d'un petit-déjeuner de travail qui a duré deux heures. «À long terme, le rétablissement de la sécurité en Irak nécessite une réconciliation entre les différentes communautés ethniques et religieuses. C'est ce qu'une écrasante majorité d'Irakiens réclame», a déclaré le président Bush à l'issue de la rencontre. Il a ajouté que le Premier ministre irakien s'était prononcé contre une partition de l'Irak qui ne ferait, selon lui, qu'accroître les violences. L'administration américaine a enjoint à Nouri al-Maliki de démanteler la milice chiite de Moqtada Sadr accusée d'être à l'origine d'une grande partie des violences sectaires dans le pays et d'attaques menées contre les forces de la coalition. Moqtada Sadr, le chef radical chiite qui a suspendu sa participation au gouvernement pour dénoncer la rencontre entre Bush et Maliki. Le chef chiite est un adversaire résolu de l'occupation américaine en Irak et contrôle cinq ministères et trente députés au Parlement. Autre mauvaise surprise avant l'entrevue d'Amman, la publication par le quotidien New York Times, mercredi, d'un rapport confidentiel de la Maison-Blanche. Dans ce rapport, la Maison-Blanche met en doute les capacités de Maliki à faire face aux violences confessionnelles. Après l'apparition de cette note de service, la rencontre initialement prévue mercredi entre Bush et Maliki avait été annulée, mais la Maison-Blanche a réfuté tout lien avec la publication dudit document. L'administration américaine a assuré que cette annulation n'était un «affront» pour personne, que la rencontre prévue à Amman en présence du roi Abdallah II de Jordanie avait été rendue «superflue» par des entretiens préalables entre Irakiens et Jordaniens et que les entretiens bilatéraux entre Bush et Maliki programmés jeudi restaient à l'ordre du jour. Lors de la conférence de presse commune après la rencontre, le Premier ministre irakien a appelé à un transfert rapide des responsabilités sécuritaires des forces de la coalition aux forces irakiennes et ce malgré la gravité de la situation actuelle du pays. Et, s'est dit prêt « à coopérer avec quiconque peut contribuer à restaurer l'ordre dans son pays, à commencer par ses voisins, mais à condition qu'ils ne s'ingèrent pas dans les affaires irakiennes ». Le président a déclaré, malgré la pression exercée sur lui aux Etats-Unis, rester en Irak jusqu'à ce que la mission soit achevée. • Mounir Siraj (avec agences) Découverte macabre à Bakouba Des soldats irakiens ont trouvé 28 corps dans un charnier situé près de la ville de Bakouba, annonce l'armée américaine dans un communiqué. Selon l'armée, le charnier a été découvert mercredi au sud de Bakouba, ville au nord de Bagdad, dominée par des insurgés sunnites comprenant des islamistes d'Al Qaïda. La région a une population mixte comprenant aussi des chiites et des kurdes, ce qui lui vaut d'être appelée « petit Irak» par les commandants américains. «Il ne passe pas un jour sans que des dizaines de personnes soient tuées soit par des bombes, soit par des fusillades ou des assassinats», a déclaré récemment à Reuters un policier de haut rang qui a requis l'anonymat.