Le tribunal de commerce a statué, hier, sur la vente judiciaire de General Tire Maroc. Ynna Holding de Miloud Chaâbi s'est retiré laissant toutes les chances du côté du groupe Aït Mzal qui décroche, sans surprise, cette vente judiciaire. Mercredi 15 novembre, 12h00. La tension monte devant la salle 2 du tribunal de commerce de Casablanca. C'est l'heure fixée par le juge pour décider de la vente judiciaire de l'usine de General Tire Maroc (GTM). Ses anciens employés ainsi que les représentants des trois soumissionnaires, les marocains Ynna Holding, le groupe Aït Mzal et le saoudien Kariat Almadain, font des va et vient incessants. «A chaque fois où ce dossier arrive à terme, il y a toujours quelque chose ou quelqu'un pour rallonger l'attente», lance un ex-ouvrier de GTM. Comme lui, ses anciens collègues venus, un peu moins nombreux (une centaine) que mercredi dernier, date à laquelle a été reportée cette vente judiciaire, semblent avoir perdu confiance. Cette fois, ils avaient tort de penser à une rallonge des délais. Après un quart d'heure de retard, le juge fait appeler les parties concernées. L'avocat de Ynna Holding de Miloud Chaâbi, dont l'offre était pourtant l'une des plus importantes, remet au juge une lettre de son client où ce dernier annonce le retrait de sa candidature. Il ne restait plus qu'à évaluer les deux autres offres et ce n'était qu'une question de minutes. L'heureux élu est le groupe Aït Mzal, concessionnaire de la marque automobile Kia au Maroc. Le candidat saoudien n'avait aucune chance de pouvoir remporter la vente, puisqu'il n'a pas présenté les cautions bancaires, raison pour laquelle le report du dossier a été décidé le 8 novembre. La vente judiciaire n'aura duré finalement que 30 minutes dans une ambiance très décontractée. Le juge, Me Bouchiba, a fait preuve d'un esprit très ouvert et cela a contribué à faire régner le calme dans cette salle tout au long du déroulement de la vente judiciaire. L'avocat du groupe Aït Mzal était presque sûr, bien avant l'audience, que son client sera le candidat retenu. «Il a réuni toutes les conditions exigées par l'article 604 du code du commerce pour décrocher la vente», dit-il, soulagé. Le groupe Aït Mzal a effectivement réuni tous les critères nécessaires à sa sélection. Le plan qu'il avait présenté à la justice était des plus avantageux au point de vue prix d'achat (près de 150 millions de dirhams TTC), mais aussi au point de vue plan de travail. «Il a proposé de mettre en place un projet industriel qui permettra à une partie des anciens employés de GTM de reprendre leur activité et à offrir du travail aux jeunes », tient à rappeler l'avocat du groupe. Le syndic ainsi que les contrôleurs de l'affaire se sont, eux aussi, montré favorables à l'offre du groupe Aït Mzal depuis le départ en le soutenant fortement devant le juge. C'est donc sans surprise que ce candidat est, aujourd'hui, désigné haut la main. Soulagement, les anciens employés de GTM le partagent, également. «Aït Mzal a proposé d'intégrer 226 des anciens salariés et d'indemniser le reste en fonction des jugements qui seront prononcés. C'est un pas vers l'avant même s'il faut encore attendre», déclare Ahmed El Adham qui représente ce personnel auprès de l'UMT. L'affaire est close pour ce qui est de la vente judiciaire. Reste, à présent, à ce que les anciens salariés de GTM (700 au total) trouvent la compensation qu'ils ont attendue depuis six ans. Lundi dernier, ils étaient dans ce même tribunal où devait s'ouvrir le procès des actionnaires et des dirigeants de la société liquidée. Le syndic poursuit en justice l'opérateur allemand Continental qui avait repris General Tire de l'américain GT. «Une partie des actionnaires ne s'est pas présentée et Continental non plus, alors qu'il était avisé», indique El Adham. Misère, avis d'expulsion, saisies, divorce, maladie… Chacun de ces anciens salariés vit le drame que lui a infligé la fermeture de GTM. Saïd Abdelhak confie qu'il est devenu portefaix et que ses enfants refusent d'aller à l'école sans fournitures scolaires et en guenilles. Comme lui, les anciens employés de GTM racontent leurs misères aussi amères les unes que les autres. Des cas sociaux pour qui les indemnisations représentent l'unique bouée de sauvetage.