Cette semaine sera décisive pour le dénouement du dossier de General Tire Maroc. Les reports répétitifs de la vente judiciaire ont envenimé la situation. Quand est-ce que tout cela se terminera-t-il ? Les 700 anciens employés de la General Tire Maroc (GTM) se posent la question depuis six ans. L'attente a perduré au point que certains sont décédés laissant leurs enfants suivre l'évolution du dossier à leur place. «Nous avons vraiment l'espoir de voir enfin le bout du tunnel. Le procès intenté par le syndic contre Continental dont la GTM est une filiale sera ouvert ce lundi au tribunal de commerce de Casablanca. Il s'agit de poursuites engagées pour déterminer les véritables responsables de la faillite de GTM», déclare Ahmed El Adham, secrétaire général de la Fédération de la chimie et de la parachimie affiliée à l'UMT et ancien cadre de General Tire. L'espoir des victimes de la faillite reste particulièrement lié à la vente judiciaire de GTM qui devrait avoir lieu le 15 novembre, suite à son report le 8 novembre. Ce retard est dû au fait que le troisième soumissionnaire, de nationalité saoudienne, Kariat Almadain, n'avait pas encore réuni les garanties exigées par les autorités judiciaires pour la vente judiciaire à laquelle se sont présentés deux candidats marocains : Ynna Holging de Miloud Chaâbi et la famille Aït Mzal, concessionnaire de la marque automobile Kia. Les soumissionnaires nationaux, dont les dossiers ont été jugés complets, ont offert 160 millions de dirhams pour l'acquisition de la société qui vaut, selon les expertises, beaucoup moins. Toutes les chances de pouvoir décrocher la propriété de l'ancienne usine sont donc du côté des candidats marocains. Mais, quelle que soit l'entreprise retenue, mercredi prochain, pour la vente judiciaire, qu'adviendra-t-il des anciens employés ? «Ynna propose de reprendre l'usine et d'offrir un travail à 200 personnes au moins parmi les anciens employés avec de nouveaux contrats. La famille Aït Mzal propose, elle, d'en employer 226 et d'indemniser les autres au montant fixé par la justice», confie M. El Adham. Ce dernier souligne qu'il n'y a que deux solutions au dénouement du conflit social : soit la reprise de l'activité au sein de l'usine, soit l'indemnisation de tous ceux qui y ont travaillé. Mais, M. El Adham précise tout de même que les anciens employés de GTM sont, en majorité, âgés de plus de 40 ans et sont donc moins habilités à travailler. «En plus, plusieurs parmi eux sont sur le point de perdre leurs logements parce qu'ils n'ont plus de quoi payer leurs crédits, d'autres ont dû confier leurs enfants à leurs proches, n'ayant plus les moyens de les prendre en charge… Nous avons vraiment besoin qu'on nous sauve de cette misère», avoue M. El Adham. «Cette misère» a poussé une centaine de victimes de la faillite de la GTM à se présenter au tribunal le 8 novembre. Beaucoup d'entre elles, déçues par le report, se sont mises à crier pour dénoncer les lenteurs qu'accuse la vente judiciaire. Elles seront certainement encore plus nombreuses au tribunal, après-demain, le jour de la délivrance tant attendue. «Nous avons la peur au ventre. Les longues années passées à attendre une solution à notre dossier n'ont abouti à rien. Là, nous retenons notre souffle!», reconnaît ce syndicaliste. Toutes les conditions sont réunies pour que ce dénouement ait lieu, sauf imprévu de dernière minute.