Le vétiver était au centre d'une rencontre d'experts tenue hier à Rabat. Journée de sensibilisation et de démonstration de l'intérêt écologique et économique de cette plante qui protège de l'érosion, fortifie le sol et traite les eaux usées. Les écologistes le qualifient de remède-miracle. Le vétiver est une plante dont les propriétés vont au-delà du fait paysagiste. Il est, pour les experts, un moyen de protection contre l'érosion des sols et la pollution. Comment une plante peut-elle jouer un rôle aussi important ? C'est cette question qu'on débattue hier à Rabat des experts marocains et étrangers. Ces spécialistes se sont réunis à la salle de conférences de l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II pour examiner en long et en large les moyens d'appliquer le «système vétiver pour la protection de l'environnement» en tant que méthode préventive, mais aussi de traitement des sols et des eaux contaminées. Il s'agissait pour les organisateurs, le Réseau «The vetiver network» (TVN) et la Société marocaine des plantes aromatiques et médicinales (SOMAPAM), de présenter aux décideurs et aux chercheurs une solution environnementale alliant le traitement des eaux usées et des déchets solides, la restauration des sols dégradés et la lutte contre l'érosion. L'application du système est bien loin d'être une simple théorie et les organisateurs de cette conférence-atelier comptent bien le prouver. «En plus des présentations, nous avons organisé une visite d'un site de démonstration à Rabat. Autour d'une décharge urbaine près d'Aïn Aouda, nous avons mis de la terre où nous avons semé du vétiver parce qu'il absorbe le lixiviat et protège le sol. L'expérience remonte au mois de juin et l'évaluation que feront les experts de la situation avant et après le vétiver dans cette décharge montrera à quel point cette plante peut être bénéfique pour l'environnement», explique Criss Juliard du Réseau TVN. Une pépinière du vétiver à Aïn Aouda fait, également, partie de la visite sur le terrain, programmée dans le cadre de cette journée. S'il y a un constat à faire, c'est bien celui de l'efficacité de cette plante qui, selon cet expert du Réseau TVN, a été adoptée avec grand succès dans de nombreux pays à travers le monde. «Au Maroc, le vétiver n'est pas encore utilisé, mais il existe depuis des années au jardin botanique de Rabat et des recherches sont faites à son propos par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et l'IAV. C'est un produit végétal qui ne demande pas de gros investissements, il est très bon marché», insiste M. Juliard. La rencontre entre chercheurs, tenue mardi, représente donc une étape décisive pour que le système du vétiver puisse être mis sur les rails de la concrétisation au Maroc. Mais, il faut souligner encore une fois que tout dépendra de l'engagement de l'ensemble des parties liées de près ou de loin à l'écologie et à l'agriculture. «Le vétiver a de grandes potentialités qu'on peut exploiter dans plusieurs domaines. En plus de la protection de l'environnement, c'est aussi une plante aromatique et médicinale très prisée par les plus grandes industries de parfum. Son intérêt économique est sûr, mais il faudra un appui des différents secteurs privé du public: hydraulique, agriculture, eaux et forêts, autoroutes, distillation d'huile essentielle…», souligne le Pr. Mustapha Ismaïli Alaoui, président de la Somapam. Sensibilisation et démonstration ouvriront certainement de grandes portes au vétiver dans notre pays. Reste l'encadrement de cette expérience afin qu'elle puisse atteindre ses objectifs. Le Réseau TVN se dit prêt dès à présent à apporter son appui à cette technique biologique. Il faut juste que le vétiver suscite la confiance qu'il mérite auprès des décideurs.