Quelque 57 accusés ont comparu, hier lundi, devant la justice algérienne pour dilapidation de deniers publics. Parmi les personnes impliquées dans ce nouveau scandale financier, figurent de hauts responsables algériens. L'Algérie vient d'être éclaboussée par deux nouvelles affaires de détournement de deniers publics. Au centre de la première affaire, se trouve la Banque commerciale et industrielle d'Algérie (BCIA). Selon la presse algérienne, cette dernière aurait émis en 2003 des traites et des lettres de change auprès d'une banque de l'Etat (Banque extérieure d'Algérie, BEA), sans les avoir honorées. Le montant du préjudice est estimé à plus de 13 milliards de dinars (130 millions d'euros). En ce qui concerne la seconde affaire, plusieurs hauts responsables des finances et de la politique y sont impliqués. Parmi un total de 24 suspects, figurent l'ancien P-DG de la Banque publique algérienne « Badr », Farouk Bouyacoub, et le patron du groupe privé « Digimex », Youssef Zidoune. Richissime commerçant de Blida, ce dernier est connu pour ses sympathies pour le parti au pouvoir. Des peines d'emprisonnement allant de 6 à 10 ans de prison ferme sont réclamées contre les suspects. Mais de l'avis de plusieurs observateurs algériens, ces deux affaires ne seraient que «la partie visible de l'iceberg». Selon un dernier sondage sur la corruption, «75% des entreprises algériennes indiquent payer des pots-de-vin ». Transparency International (TI) avait déjà dans l'un de ses rapports fait figurer l'Algérie sur la liste des pays les plus affectés par la corruption. D'après cette ONG, «sur 159 pays, l'Algérie est classée à la 97ème place». En Afrique, l'Algérie détient la palme peu enviable du pays le plus corrompu. Face à cette réalité, une question s'impose : à quoi l'Algérie de Bouteflika doit-elle cette « réputation» ? L'Association algérienne de lutte contre la corruption ne mâche pas ses mots. «Le retour en force d'un Etat policier, autoritaire, répressif et liberticide est un des principaux indicateurs du maintien de l'Algérie parmi les pays-cancres de la corruption au sein de la communauté internationale», martèle cette ONG. Pressé par les critiques, le président Bouteflika ne cache plus son courroux contre la corruption enregistrée dans les sphères du pouvoir. Lors d'une récente sortie publique, il a dit devant un aréopage de ministres qu'il était «préférable de reconnaître avoir réalisé tant de kilomètres dans le projet d'autoroute Est-Ouest, dans le projet de logements, ou autre, que d'annoncer des chiffres qui s'avéreraient faux». Et comme pour enfoncer le clou, il ajoutera que «les chantiers ne sont jamais livrés dans les délais et selon les coûts contractuels».