Le sort d'Abderrahmane Achour, que la presse algérienne présente comme un "mini-Khalifa", sera connu prochainement. L'homme d'affaires algérien clame son innocence dans le scandale de la BNA. Son dossier est entre les mains de la justice marocaine. Pourquoi la presse algérienne s'échine -t-elle à présenter, coûte que coûte, l'homme d'affaires Abderrahmane Achour, comme étant un "mini-Khalifa" ? Pourquoi les autorités algériennes multiplient les déclarations sur l'extradition "prochainement" de ce Casablancais par adoption ? Pourquoi lui, tout simplement, quand on sait que le scandale de la BNA (Banque nationale d'Algérie, organisme bancaire étatique) implique près d'une trentaine de personnes ? Autant de questions qui s'ajoutent à un mystère nommé Abderrahmane Achour dont le sort sera tranché, le 4 avril 2006, par la Cour suprême marocaine qui doit statuer définitivement sur une demande d'extradition formulée par les autorités judiciaires algériennes. L'ex-banquier algérien et deux autres ressortissants algériens connus seulement par leurs initiales (H.M. et A.R.) qui se trouvent au Maroc sont poursuivis en Algérie dans le cadre du scandale de la BNA qui aurait coûté au Trésor algérien des montants allant de 20 à 32 milliards de dinars (360 millions d'euros). Abderrahmane Achour est présenté comme l'un des principaux responsables de détournements ayant eu lieu entre 2002 et 2005 et portant, pour ce qui le concerne, sur plusieurs centaines de millions de dinars. Son avocat réfute, de manière ferme et catégorique, cette accusation. Pour Me Moulay Hicham Maliki, joint par ALM, la poursuite engagée contre son client est "infondée". "L'homme est connu au Maroc où il s'est installé depuis longtemps et où il a investi dans plusieurs projets", affirme Me Maliki qui ajoute que, contrairement à ce qui est dit à propos de son client, ce dernier avait l'habitude de se déplacer librement entre le Maroc et l'Algérie. L'avocat d'Abderrahmane Achour se dit confiant quant à la décision de la Cour suprême, surtout après avoir pris connaissance du contenu de nouveaux documents. Abderrahmane Achour, amoureux de Casablanca et marié à une ressortissante marocaine, a investi dans plusieurs projets de travaux publics et de papeterie. Depuis plusieurs années, il a choisi le quartier "Moulay Youssef" pour lieu de résidence.Toute l'affaire avait commencé en octobre 2006 quand les autorités judiciaires algériennes s'étaient saisies du dossier de la BNA après la découverte d'une série de détournements ayant eu lieu entre 2002 et 2005. Au total, ce sont près d'une trentaine de personnes qui sont poursuivies dans le cadre de ce dossier. Près d'une dizaine d'entre elles ont fait l'objet de mandats d'arrêt internationaux au Maroc et en Grande-Bretagne. Celui concernant Abderrahmane Achour et ses deux autres concitoyens a été lancé en décembre 2005, via Interpol à la demande des autorités d'Alger. Quelques semaines plus tard, le ministre algérien de la Justice, Tayeb Belaïz, annonçait l'extradition "prochainement" des trois ressortissants algériens. Abderrahmane Achour coulait des jours tranquilles à son domicile casablancais quand, le 4 janvier 2006, il a reçu la visite d'éléments de la police judiciaire. Après détention provisoire et interrogatoire, son dossier atterrit devant l'une des chambres de la Cour suprême, à Rabat. Cette dernière, en févier dernier, a décidé le report de toute l'affaire au 4 avril 2006 après avoir reçu de la justice algérienne de nouveaux documents et éléments pour l'aider à résoudre cette affaire. Le dossier d'Abderrahmane Achour et ses deux concitoyens est suivi minutieusement par le ministère algérien des Affaires étrangères. Les détournements en question dans cette affaire auraient été facilités par les responsables des succursales de la BNA à Koléa, Cherchell et Bouzaréah. Selon la presse algérienne, des hommes d'affaires ayant créé des sociétés fictives ont bénéficié d'importants prêts de l'ordre de plusieurs milliards de dinars sans fournir de garanties pour le remboursement. Les montants ainsi détournés auraient été acheminés vers plusieurs pays à l'étranger. Lesdits responsables de la BNA prélevaient un pourcentage sur les prêts consentis. Pour les Algériens, il s'agit du scandale financier, par excellence, de 2005-2006. Pour des observateurs de l'économie de ce pays, il ne s'agit que de la partie la plus saillante de la banqueroute de tout le système bancaire algérien, un système qualifié d'"archaïque" dans un pays qui tire de conséquentèès dividendes de ses gisements d'hydrocarbures. Il s'est trouvé aussi qu'une partie de la résolution de ce scandale se joue au Maroc.