Le procès de l'affaire Khalifa à l'origine du plus grand scandale financier d'Algérie s'ouvre à partir d'aujourd'hui à Blida en l'absence du principal accusé. C'est ce lundi 8 janvier 2007 que doit s'ouvrir le procès concernant l'affaire Khalifa et ce devant le tribunal criminel de Blida (sud d'Alger). 104 personnes sont poursuivies pour « association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance et falsification de documents officiels ». Il s'agit là du plus grand scandale financier que l'Algérie ait connu. Le principal accusé dans cette affaire, Abdelmoumen Rafik Khalifa, ancien PDG du groupe « Khalifa», qui se trouve actuellement en Grande-Bretagne, ne sera pas présent. «S'il a fait l'objet de mandats d'arrêt internationaux, aucune procédure d'extradition ne pouvait être entamée faute d'instruments judiciaires entre Alger et Londres», révèle le quotidien "Liberté d'Algérie". Rafik Khalifa, 40 ans, réfugié à Londres depuis 2003, sera jugé par contumace, en même temps que 103 autres inculpés. Les audiences seront consacrées au volet principal de l'affaire qui porte sur un "trou" de 3,2 milliards de dinars algériens (384 millions de dirhams) constaté dans la caisse principale de la banque à la suite d'irrégularités dans la gestion des dépôts. La Khalifa Bank, épine dorsale du groupe, avait été mise en liquidation en mai 2003 après la découverte de ce "trou" de caisse, selon l'enquête. La chute du l'empire Khalifa a révélé à partir de 2003 une série de scandales bancaires. Après cette affaire, les autorités algériennes ont renforcé les contrôles sur les banques privées et publiques. En effet, l'organisation archaïque et le laxisme dans la gestion des banques algériennes facilitaient les malversations. Et c'est alors que se produira une cascade de scandales financiers, dont l'un des protagonistes fut la Banque commerciale et industrielle d'Algérie (BCIA), deuxième banque privée du pays après Khalifa Bank. Toutes les deux avaient été créées dans la précipitation après l'ouverture de l'économie algérienne en 1994. La BCIA, liquidée en août 2003 pour "insolvabilité", émettait des traites et des lettres de change qu'elle ne pouvait honorer. Son procès aura lieu à partir du 27 janvier devant le tribunal criminel d'Oran (ouest). L'ancien PDG de l'établissement public la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR), Farouk Bouyacoub, reconnu coupable d'octroi de crédits sans garantie, a été condamné en novembre à trois ans de prison ferme, en même temps que trois cadres de la banque et le directeur général de la société privée bénéficiaire, Digimex. Un autre procès, impliquant trois Algériens, qui viennent d'être extradés par le Maroc, est attendu dans les prochaines semaines. Les trois prévenus sont accusés de « complicité dans le détournement de deniers publics, émission de chèques sans provisions, escroquerie et faux et usage de faux », au détriment de la Banque nationale d'Algérie (BNA). Depuis 2003, les autorités algériennes ont retiré l'agrément de plusieurs petites banques privées dont la solvabilité leur a paru douteuse. Il s'agit notamment d'Union Bank et de l'Algerian International Bank (AIB), deux petites banques d'affaires, installées dans l'euphorie de l'ouverture du marché. Corruption : un débat houleux Le débat sur la corruption bat son plein en Algérie, alors que le gouvernement vient d'annoncer « l'élargissement du champ d'intervention de l'Inspection générale des finances (IGF) aux entreprises publiques économiques » pour prévenir les malversations. Le président Abdelaziz Bouteflika a publiquement tancé son ministre d'Etat et chef du Mouvement de la société de la paix (MSP, islamiste), Bouguerra Soltani, qui avait déclaré détenir des "dossiers" sur la corruption impliquant de hauts responsables. Dans un discours télévisé le 9 décembre, le chef de l'Etat a sommé M. Soltani de remettre à la justice les dossiers qu'il prétend détenir et de « ne pas en faire un fonds de commerce politique ».