Le procès du groupe Khalifa continue à mettre à nu les défaillances du système bancaire algérien. Néanmoins, il n'a pas permis de jeter la lumière sur le système de prévarication auquel ces défaillances ont donné lieu. L'affaire Khalifa, à l'origine du plus grand scandale financier ayant secoué l'Algérie, continue par ses révélations à mettre à nu les mécanismes du système bancaire algérien. Au tribunal criminel de Blida (sud d'Alger) où se déroule le procès de l'ancien groupe, l'audition d'Akli Youcef, ex-caissier principal d'El Khalifa Bank, a résumé, à elle seule, la situation anarchique de la gestion de l'établissement bancaire. Akli Youcef a précisé qu'il recevait tous les fonds en dinars et en devises collectés à travers les autres agences d'Alger, qu'il les comptait avant de les mettre dans le coffre et que tous les montants étaient mentionnés dans un registre. Mais les sorties de fonds, elles, ne sont pas comptabilisées. «Par téléphone. Il (Abdelmoumen Khalifa) me dit de préparer 10 millions de dinars. Dans 15 minutes, ils sont mis dans une ch'kara (sachet). Quand il vient, il les trouve prêts et les prend», a expliqué Akli Youcef. Abdelmoumen Khalifa, l'ex-P-DG de l'empire Khalifa, demeure le grand absent de ce procès impliquant une centaine de personnes poursuivies pour « association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance et falsification de documents officiels». Actuellement, il vit à Londres. Et depuis le début du procès, la presse algérienne n'a cessé de s'interroger sur les raisons de son absence et pourquoi il n'a pas été extradé vers l'Algérie. Suite à ces interrogations, le Premier ministre algérien, Abdelaziz Belkhadem, a affirmé qu'il n'a y pas de «blocage» dans l'extradition demandée par Alger de l'ancien patron du groupe Khalifa. «Le traité d'extradition, paraphé entre l'Algérie et la Grande-Bretagne, a pris en considération le volet ayant trait à l'extradition d'Abdelmoumen Rafik Khalifa», a-t-il affirmé dans une déclaration à l'Agence algérienne de presse APS. «Il faut attendre maintenant la décision de la justice britannique», a-t-il ajouté. Dimanche, le quotidien "El Watan" s'est intéressé à un autre absent : Abdelouahab Karmane, ex-gouverneur de la Banque d'Algérie. « À qui profite le silence de Abdelouahab Karmane ? », s'interroge le journal. Ce dernier et son frère Abdennour, ancien ministre de l'Industrie ainsi que sa nièce, Yasmine, ex-responsable de l'antenne italienne du groupe Khalifa, ont décidé de boycotter le procès de Blida. « Les frères Karmane possèdent-ils des informations que l'opinion algérienne ignore ?», s'interroge "El Watan". «La manière avec laquelle ils mettent au défi la justice algérienne ouvre - c'est inévitable - la voie à des questions sur la démarche, choisie dès le départ, pour gérer le dossier Khalifa», observe la publication. "El Watan" n'exclut, d'ailleurs, pas que cette affaire ne soit «une variante d'un scénario dont le but "stratégique" serait simple à détecter : éviter que des choses dérangeantes soient dites devant les juges et devant la société algérienne».