Abderrahmane Achour, homme d'affaires algérien installé au Maroc, est désormais extradable en compagnie de deux autres de ses concitoyens. Son avocat, Me Ziane, accuse Alger et demande à Rabat d'être "à la hauteur". Mohamed Ziane, bâtonnier de Rabat et avocat de l'homme d'affaires algérien Abderrahmane Achour, accuse les autorités d'Alger de "faux et usage de faux". «C'est d'ailleurs sur la base de cette accusation, précise Me Ziane, qu'un recours sera introduit aujourd'hui contre l'avis consultatif favorable à l'extradition des trois ressortissants algériens émis par la Cour suprême, récemment. D'ailleurs», explique l'avocat en précisant qu'«il ne s'agit pas d'une décision que le gouvernement marocain doit exécuter, mais d'un avis consultatif». Mohamed Ziane a, dans ce sens, appelé le gouvernement à être «à la hauteur». «J'espère que les trois ressortissants algériens ne seront pas extradés et que le Maroc aura le courage de se conduire de la même manière que lors de l'affaire de M. Touré, un ex-responsable d'Air Afrique que le Mali voulait extrader pour des raisons politiques, mais en donnant l'impression qu'il s'agissait d'une affaire de détournement», déclare le bâtonnier de Rabat à notre journal avant d'expliciter davantage son propos. «Alger a été et est incapable de démontrer que la BNA ait perdu ne fut-ce qu'un seul dinar à cause de mon client», affirme Mohamed Ziane qui accuse ouvertement la justice et la diplomatie algériennes d'avoir transmis à la Cour suprême marocaine de "faux documents". Mais pourquoi a-t-elle choisi de s'en prendre à Abderrahmane Achour et ses deux ex-employés (connus seulement par leurs initiales, AR et HM) ? L'avocat du premier répond à cette question en affirmant que «le pouvoir algérien a décidé de jouer la carte de la moralisation des affaires, mais en optant pour des boucs émissaires, généralement des personnes installées à l'étranger. Cela sonne aussi comme une volonté de châtier ceux parmi les entrepreneurs qui avaient osé partir. Ces combines sont indignes d'un Etat qui se respecte». «Il faut que les ressortissants algériens installés dans le Royaume se sentent en sécurité et pour cela le Maroc doit assumer ses responsabilités car il s'agit-là d'une affaire politique engageant deux Etats», conclut Me Ziane. Abderrahmane Achour avait fait, en octobre 2005, l'objet d'un mandat d'arrêt international lancé par le ministère de la Justice algérien sur la base de plaintes déposées par la BNA (Banque nationale d'Algérie). Ces plaintes sont relatives à des détournements portant sur plusieurs centaines de milliards de dinars et ayant eu lieu entre 2002 et 2005. Sur cette cagnotte, la BNA reproche à Abderrahmane Achour le détournement de près de 200 millions d'euros par le biais d'une société fictive. Le 4 janvier, M. Achour est arrêté dans son domicile casablancais pour répondre aux accusations qui pèsent à son encontre. La Cour suprême, en avril dernier, avait ajourné le traitement de son affaire. Elle a fini par trancher récemment, mais l'avocat de Abderrahmane Achour, se disant étonné de la «grande excitation de l'ambassade d'Algérie à Rabat», affirme que l'affaire est loin d'être close. M. Achour, marié à une ressortissante marocaine, a choisi d'investir au Maroc dans plusieurs domaines comme le secteur de la papeterie. L'homme d'affaires, croupissant toujours dans la prison de Salé, a toujours clamé son innocence évoquant, à son tour, un «règlement de comptes de bas étage» comme le répètent ses avocats. Abderrahmane Achour a fait l'objet d'innombrables articles de la presse algérienne et cloué au pilori dans la plupart des écrits qui en ont fait un «mini-Khalifa». Son amour pour le Maroc lui aura été fatal.