Un"serial killer" à la marocaine ? C'est inconcevable, mais il peut être vrai. Sinon, comment qualifier Fath Allah Mohamed el Majd, la trentaine, qui a commis trois meurtres ? Mars 2000. Fath Allah se rend chez un bijoutier d'Oujda. Il voulait lui vendre une ceinture en or. Il la lui laisse pour aller rechercher le reçu. Seulement, il ne retourne plus. Le bijoutier avise la police. Le 18 juin, une femme découverte morte à sa chambre, quartier Boughrara. Les limiers de la police judiciaire ont suivi leur flair en prenant Fath Allah pour le suspect n°1. Ils l'arrêtent, l'interrogent et se convainquent qu'il n'a rien dans cette affaire. Mais ils ne le relâchent pas ! "Et la ceinture en or que tu as abandonné depuis trois mois chez le bijoutier qu'est-ce que tu es dis?". Une simple question pour qu'il se fond en larmes comme un enfant. «Je me suis repenti, je suis l'auteur de trois meurtres» avoue-il aux enquêteurs qui se sont tenus cois. Fath Allah continue à sangloter. Le chef de la brigade qui se veut être calme le scrute : "Si tu regrettes, dis nous tout ce que tu as commis mon fils, ça te déchargera même devant Dieu". Les larmes aux yeux, Fath Allah commence ses aveux : Le père de Fath Allah dispose d'un café-restaurant à la rue Marrakech. Michel Dokali, un touriste italien, le fréquentait. Fath Allah fait sa connaissance. À bord d'une Super R5, ils se rendent à Saïdia chercher un cabanon. En retour, l'Italien préfère découvrir la beauté de la région d'Al Karbouze, à l'entrée d'Ahfir. Il descend de la bagnole. Fath Allah ne le tarde pas. Un coup de bâton à la tête. L'Italien s'effondre. Il est mort. Fath Allah fouille un petit sac. Plus d'un million de francs français à son intérieur. Il l'empoche, monte la voiture et retourne à Oujda. Le 28 juin. Il rend visite à Rabiâ, une proche de sa famille à la soixantaine, lui demande un prêt de cinq cents dirhams. Elle le sollicite de lui chercher un fkih et lui verse la somme. Le soir, il retourne chez elle, lui demande de mettre des encens dans un brasero. Quelques minutes plus tard. Rabiâ est corps sans âme. Le bâton ne l'a pas raté dès le premier coup. Fath Allah fouille la chambre et mis sa main sur quatre milles dirhams. Le 25 octobre. Fath Allah choisit un bijoutier de la place. Il le connaissait. "J'ai des clients algériens qui nous attendent à la maison" lui a dit-il. Le bijoutier ne doit pas rater cette occasion. Il l'accompagne à bord de sa Mercedes 250. Ils entrent à la maison. Il n'y avait personne. Fath Allah n'a pas de temps à perdre. Il le surprit par un seul coup de bâton. Le bijoutier rend l'âme. Fathalah enroule le cadavre dans un drap, le mis dans le coffre de la voiture, la conduit jusqu'au boulevard Yacoub El Mansour, juste à côté du service de la Douane à Oujda, l'abandonne et retourne à la maison comme si rien ne s'est passé. La nuit, il se rend à la bijouterie, la cambriole. Le lendemain, il commence à liquider le butin. «Qu'il est ton mobile l'interroge le chef de la brigade. «Pour faire plaisir à ma bien-aimée et célébrer notre nuit de noces pas plus», répond-t-il. La mi-octobre dernier Fath Allah a été condamné à la peine capitale.