La Maison-Blanche a rejeté l'offre d'un débat télévisé proposée mardi dernier par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad à son homologue américain George W. Bush, conditionnant toute discussion avec Téhéran à la suspension préalable de l'enrichissement d'uranium. Ahmadinejad avait déjà adressé une longue lettre, en mai dernier, à son homologue américain George W. Bush, l'invitant à débattre sur les moyens de mettre fin aux tensions qui déchirent le monde. «La missive envoyée par le président iranien ne contenait rien qui incite à une reprise du dialogue entre les deux pays», avait riposté le Maison-Blanche, en ajoutant que «Téhéran savait ce qu'elle avait à faire», c'est-à-dire «la suspension d'enrichissement d'uranium» comme condition préalable à tout «dialogue constructif ». Le courrier de 18 pages écrit en farsi (langue perse) est jusqu'ici resté sans réponse. Une bouteille vide jetée à la mer. Mais revoilà le président iranien relancer la même invitation au dialogue, par images interposées cette fois-ci. Mardi dernier, lors d'une conférence de presse, M. Ahmadinejad a fait une offre de débat télévisé au locataire du bureau ovale, George Bush, en mettant en garde contre toute « censure » qui pourrait « empêcher le peuple américain d'entendre la vérité ». Cette nouvelle invitation à débattre est intervenue à deux jours du délai fixé par l'ONU pour que Téhéran suspende son enrichissement d'uranium. La réplique américaine ne s'est pas fait attendre. En rejetant cette nouvelle proposition, Washington dénonce « une tentative de diversion des inquiétudes légitimes qu'a la communauté internationale face au comportement de l'Iran qui va du soutien au terrorisme à la volonté de posséder la capacité de produire des armes nucléaires ». Et d'ajouter : «Nous avons dit que nous étions disposés à parler avec l'Iran à condition d'une réponse positive » à l'offre que lui ont présentée six grandes puissances. Les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie), en plus de l'Allemagne, ont soumis à l'Iran en juin dernier une proposition comprenant des incitations mais aussi la menace d'action du Conseil pour le convaincre de renoncer à l'enrichissement d'uranium. Le 31 juillet dernier, le Conseil de sécurité avait donné à l'Iran jusqu'au 31 août pour suspendre son programme d'enrichissement d'uranium. Un mois plus tard, Téhéran n'a pas bougé de sa ligne rouge. Le pouvoir iranien, en se disant disposé à engager des « négociations sérieuses » avec le Conseil, a réaffirmé son attachement à son droit à l'acquisition de la technologie nucléaire. Les Etats-Unis ont réagi au refus iranien en brandissant la menace de sanctions. Dans cette nouvelle partie de bras de fer, Téhéran compte sur une division vraisemblable au sein du Conseil de sécurité, la Russie et la Chine avaient déjà fait savoir leur opposition à toute option de sanctions. Moscou avait mis en garde contre « toute précipitation» dans la prise de sanction, invitant les membres du Conseil à temporiser. Quoique l'ultimatum fixé à Téhéran arrive à échéance, la tendance à la temporisation, à moins d'un coup de théâtre, est toujours envisageable. Si les Etats-Unis campent sur leur position, du côté de Paris et de Londres, ajoutés deux vieux alliés de Téhéran, Moscou et Pékin, l'heure est à l'attentisme. Washington, qui a pris le malin plaisir de faire cavalier seul, agite déjà la menace de « sanctions unilatérales ». Le « duel » Ahmadinejad-George W. Bush va-t-il enfin se réaliser ? «Le temps est un galant homme», disait Beaumarchais.