La crise sur le nucléaire iranien a entraîné une nouvelle passe d'armes entre Washington et Téhéran à l'assemblée générale de l'ONU. Le président Bush et son homologue iranien Ahmadinejad ont échangé les accusations. Nouvel épisode dans le feuilleton d'accusations entre le président américain et son homologue iranien. Lors de son allocution d'ouverture de la 61ème assemblée générale de l'ONU, George W.Bush avait accusé les responsables iraniens «d'utiliser les ressources de leur pays pour financer le terrorisme et acquérir l'arme nucléaire». La réponse iranienne, qui n'a pas tardé à venir, a été à la hauteur de la gravité de l'accusation américaine. Le président Ahmadinejad est monté à son tour au créneau pour dénoncer ce qu'il a appelé une «manipulation (par les Etats-Unis) du Conseil de sécurité pour empêcher l'Iran de maîtriser la technologie nucléaire civile». Face à cette nouvelle escalade (verbale), la France entend jouer les médiateurs. Dans son discours, le président Jacques Chirac a fait une légère volte-face en prônant des «discussions informelles» avec Téhéran sur son programme nucléaire. Par cette nouvelle option, la France se serait écartée de la position américaine et européenne qui a fait de la suspension de l'enrichissement d'uranium un préalable à la négociation. Paris s'aligne quelque peu sur l'exigence iranienne, qui pose pour condition à la suspension (provisoire) de l'enrichissement d'uranium la poursuite des négociations. D'où une levée de boucliers à la Maison -Blanche, qui s'est dite «surprise» par le revirement de la France sur le dossier nucléaire iranien. Ce revirement est de nature à renforcer le camp iranien, déjà fort du soutien de deux vieux alliés : la Russie et la Chine. Moscou et Pékin avaient exprimé leur opposition à l'imposition de sanctions contre le régime iranien, contrairement au souhait de Washington qui affirme se préparer à présenter dans le courant de septembre un texte au Conseil de sécurité prévoyant des sanctions contre Téhéran. Moscou avait mis en garde contre toute «précipitation » sur ce point, privilégiant la voie du dialogue avec l'Iran pour régler la crise sur le nucléaire. En dépit de ces appels à la modération, les Etats-Unis sont restés fermes à l'égard de Téhéran. «L'Iran sait ce qu'elle doit faire pour éviter la confrontation avec la communauté internationale», avait averti la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice. Ou Téhéran suspend l'enrichissement d'uranium, en contrepartie d'offres de coopération économique «ambitieuses », ou elle devra subir les conséquences d'un embargo sur les vols commerciaux, l'interdiction de voyager des responsables iraniens, en plus du gel de leurs avoirs à l'étranger. Cette menace ne semble pas inquiéter l'Iran outre mesure, ce dernier compte sur une division au sein du Conseil de sécurité pour échapper à ces sanctions. Des pays membres permanents du Conseil de sécurité n'ont pas intérêt à voir l'Iran subir un embargo, ils font valoir leurs accords bilatéraux avec ce pays riche en ressources énergétiques. L'Iran est le quatrième producteur pétrolier dans le monde. Imposer des sanctions contre ce pays revient à pénaliser lourdement le marché pétrolier international. Sur ce point, Téhéran détient un moyen de pression non négligeable. Au-delà des sanctions, l'option militaire reste exclue. La situation catastrophique au Moyen-Orient ne se prête pas à une telle aventure. La perspective d'un Iran émergeant comme une nouvelle puissance régionale n'est pas à ignorer. La déroute de l'armée israélienne face au Hezbollah, financé et équipé par l'Iran, a permis à ce dernier de gagner un peu plus de «galons» dans l'équation militaire moyen-orientale.