La police scientifique est parvenue à analyser les explosifs essayés par le groupe "Ansar al Mahdi". Alors que ces derniers ressemblent à ceux qui ont servi lors des attentats de Casablanca au mois de mai 2003, le système de mise à feu est similaire à celui utilisé à Madrid, en mars 2004. Révélations. Les investigations menées par la BNPJ (Brigade nationale de la police judiciaire) ont démontré que Yassine Ouardini, émir de l'aile militaire de "Jamaât Ansar al Mahdi", avait bel et bien procédé à une série d'essais d'explosifs dans la forêt de Maâmora et aux environs de Dar Assika à Salé. Selon les résultats de l'enquête à laquelle ont participé des éléments du Laboratoire national de la police technique et scientifique, les explosifs en question sont de la même catégorie que ceux qui ont été utilisés lors des attentats de Casablanca au mois de mai 2003, alors que le système de mise à feu est similaire, lui, au dispositif utilisé pour les attaques terroristes de Madrid le 11 mars 2004. Au premier volet, il s'agit de la TATP (Tri-acétone tri-peroxyde) obtenue par le mélange de l'acétone, de l'eau oxygénée et de l'acide sulfurique destiné à en accélérer la synthèse. Pour le système de mise à feu, les membres du groupe de Hassan Khattab ont eu recours à un dispositif basé sur l'usage d'un téléphone portable relié, par des fils électriques, au mélange contenu dans des canettes de boissons gazeuses démontées et ressoudées par Yassine Ouardini. Lors de ses interrogatoires par les éléments de la BNPJ, ce dernier a affirmé avoir procédé, seul ou en compagnie de Badr Bouziki, aux dits essais à partir du début du mois de juin 2006. Selon ses propres dires, ces derniers ont été concluants et il restait à perfectionner le tout grâce au matériel de laboratoire acquis par lui en sus d'une grande quantité de composants : nitrates de potassium, acide citrique, chlorure de sodium, soufre et mercure, entre autres. Les mêmes investigations de la police scientifique ont révélé que les débris trouvés sur les lieux des essais correspondaient parfaitement aux matières et au matériel électrique et électronique saisi lors des perquisitions opérées dans les domiciles de Yassine Ouardini et de Bousselham Benfaraj. Après avoir appris l'arrestation (fin juillet) de Hassan Khattab, le premier s'est empressé de camoufler tout le matériel chez le deuxième avant d'essayer de rejoindre l'Algérie. Pour confectionner les explosifs et les systèmes de mise à feu, Yassine Ouardini a été aidé par Toufik Oukeddi qui s'est chargé d'en télécharger la "recette" sur Internet. Ouardini, Bouziki et Oukeddi faisaient partie des militaires travaillant à la première base aérienne de Salé et qui avaient déjà établi, en accord avec leur chef, un plan pour liquider plusieurs personnes et perpétrer une série d'attaques contre des cibles précises, notamment à Marrakech. Auparavant, ils prévoyaient d'attaquer la troisième base aérienne de Kénitra pour s'emparer des armes qui y sont déposées. Les investigations de la police ont déjà permis de localiser le lieu choisi par la bande de Hassan Khattab pour servir de camp d'entraînement et de base arrière pour son organisation. Il s'agit d'une localité enclavée près d'Ajdir. Un différend à propos de la propriété d'un lot de terrain dans cette localité a poussé les membres du groupe à ajourner cet aspect organisationnel pour s'intéresser à la structuration de "Jamaât Ansar al Mahdi". C'est ainsi que des "émirs" de cellules ont été désignés à Youssoufia, Sidi Slimane et Sidi Yahia du Gharb. Pour le financement, le groupe est passé à l'acte en écoulant 70.000 DH en faux billets de banque, alors que la tentative d'un hold-up contre une agence de la "Western Union" à Salé (le 31 octobre 2005) n'a pas abouti à cause de la résistance du responsable de cette entreprise. L'un des soutiens financiers dont le nom revient souvent dans cette enquête sur le groupe de Hassan Khattab est celui de Fatima Zohra, alias "Oum Essaâd" qui réside à Casablanca et qui aurait remis un montant total de 150.000 DH au réseau pour l'aider à mettre ses projets terroristes en application. Cette dame d'un certain âge aurait été arrêtée par la BNPJ en compagnie de son mari. Ils résident dans une villa sur la route d'El Jadida. Selon des sources judiciaires, plusieurs autres personnes auraient été arrêtées depuis le début des rafles dans les milieux proches de ce nouveau groupe, le 1er août 2006. Pour le moment, elles sont 44 personnes à avoir été déférées devant la justice (cour d'appel de Rabat). L'avocat de l'un des prévenus dans cette affaire a indiqué à ALM que les interrogatoires détaillés, mais aussi une série de confrontations, devraient commencer le 12 ou le 13 septembre prochain.