"Jamaât Ansar El Mahdi" préparait un affreux remake des attentats de Casablanca. Marrakech devait en être leur cible de prédilection. Récit. Avec le démantèlement du groupe terroriste de la "Jamaât Ansar El Mahdi", le Maroc a pu éviter pire que les attentats de Casablanca. Le commentaire revient sur la bouche de plusieurs responsables sécuritaires proches des enquêtes en cours sur la bande de Hassan Khattab. Cela provient, affirment les mêmes sources, du fait que la quantité d'explosifs saisis dépasse de loin celle utilisée pour perpétrer les attentats qui ont ensanglanté Casablanca, le 16 mai 2003. Lors des perquisitions effectuées dans les domiciles des membres du noyau dur de "Jamaât Ansar El Mahdi", les enquêteurs, affirme une source policière, avaient saisi près de 30 kg d'explosifs (la TNT). Les explosifs saisis sont de la même catégorie que les résidus trouvés dans la région de Salé, ce qui prouve que Hassan Khattab et les siens y ont entrepris quelques essais. En effet, précise une source proche de l'enquête, les membres de ce réseau avaient déjà testé des explosifs dans la forêt de Maâmora et dans celles qui sont proches de la prison civile de Salé. Outre le système de commande à distance, les enquêteurs ont également saisi une grande quantité de soufre et des plaques minéralogiques devant servir, selon toute vraisemblance, à faciliter les déplacements du groupe à travers le Maroc. L'enquête s'attache actuellement à déterminer la provenance des explosifs. Un vol dans les dépôts de l'armée n'est pas à écarter. Selon les premiers éléments de l'enquête qui a conduit jusque-là à l'arrestation de 44 personnes, "Jamaât Ansar El Mahdi" s'apprêtait à perpétrer des attentats contre des établissements et lieux publics à travers le Maroc et particulièrement à Marrakech, l'une des principales destinations touristiques du Royaume. Tout a commencé, il y a plusieurs semaines, quand les services de sécurité se sont intéressé de près au dénommé Hassan Khattab (voir encadré). Plus radical que jamais, ce dernier a repris son action de recrutement pour le "Jihad" en commençant par embrigader cinq militaires exerçant ou ayant exercé dans la base aérienne des FAR à Salé (deux sont partis à la retraite). Ce sont ces six éléments qui formaient le "noyau dur" de " Jamaât Ansar El Mahdi" avant d'être rejoints, plus tard, par des dizaines de personnes résidant à Salé, Tétouan, Casablanca, Youssoufiya, Sidi Slimane et Sidi Yahia du Gharb. Selon une source policière, la majorité des prévenus sont originaires de Salé et s'y donnaient souvent rendez-vous pour coordonner leurs actions. La plupart d'entre eux exercent de petits métiers dans le commerce, à l'exception du chef du groupe qui vivait, selon les témoignages, dans une "flagrante" et soudaine opulence. Si 32 personnes ont été déjà déférées devant la Cour d'appel de Rabat et que 12 autres sont toujours interrogées, les enquêteurs affirment que d'autres individus sont toujours recherchés. Pour ne rien faciliter, certains sont connus par leurs seuls noms de guerre. Le démantèlement de ce groupe a été rendu possible par les précieuses informations fournies par les membres du "noyau dur" eux-mêmes. D'interrogatoires en perquisitions, les autres membres ont fini par être interpellés lors d'opérations effectuées nuitamment par divers services de sécurité. De par le nombre de ses membres et de la logistique dont il disposait, ce groupe est l'un des plus étoffés de tous ceux qui ont été démantelés après le 16 mai 2003. Il rappelle notamment le mode d'action du groupe "Pierre Robert" dont les membres étaient disséminés à travers le Maroc pour passer simultanément à l'acte contre plusieurs cibles. Les procès des membres de "Jamaât Ansar El Mahdi" devraient se tenir l'automne prochain même si une source judiciaire n'écarte pas la possibilité d'en traduire quelques-uns devant le tribunal permanent des FAR et de poursuivre les autres devant la Cour d'appel de Rabat qui a compétence territoriale nationale en matière de terrorisme.