Les tensions géopolitiques au Moyen-Orient ont provoqué une nouvelle envolée des cours du brut. Experts et analystes n'écartent plus l'éventualité d'un prix de pétrole à trois chiffres. Les prix de l'or noir grimpent à la moindre petite tension dans le monde. A 78, 40 dollars à New York, le «light sweet crude» à franchi, le vendredi 14 juillet 2006, un nouveau seuil historique. Le même jour à Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison au mois d'août a grimpé jusqu'à 78,03 dollars, marquant un seuil jamais atteint. Cette soudaine surchauffe est une conséquence directe de la crise au Proche-Orient notent les experts. Bien que n'étant pas producteurs du pétrole, Israël et le Liban sont situés dans une région qui compte pour 20% de la production mondiale du brut, rappelle un économiste de la maison de courtage Sucden, cité par les agences de presse. Le G 8 parle d'un "problème grave". «Pour relever le défi qui consiste à garantir un approvisionnement suffisant en énergie dans le monde nous devons résoudre des problèmes graves tels que les prix élevés et volatils du pétrole», ont indiqué dans une déclaration commune les dirigeants des pays les plus industrialisés, réunis à Saint-Pétersbourg. La perspective d'une longue crise entre Israël et le Liban ajoutée aux risques d'un embrasement régional dans le Proche-Orient poussent le marché à envisager de nouveaux records au dessus des 80 dollars. D'autant que, ajoutée à ce conflit, une longue liste de dissensions géopolitique est de nature à rapprocher les prix vers le seuil des 100 dollars. Entre autres, l'Iran, l'un des premiers producteurs mondiaux, au centre d'une crise nucléaire avec la communauté internationale, la Corée du Nord, actuellement en ligne de mire, le Nigeria, sixième producteur mondial, confronté au sabotage de ses infrastructures pétrolières et à des troubles ethniques et l'Irak, important producteur de l'or noir, désormais à deux doigts de la guerre civile. Autre cause de l'inflation des prix du pétrole, la demande de plus en plus forte. Jusque-là, la machine chinoise était montrée du doigt. Ce qui n'est pas pour plaire à Pekin qui, à l'occasion de la publication de son dernier bilan semestriel, a fourni des chiffres refutant la thèse selon laquelle elle serait responsable de la hausse. Dans tous les cas, cette tendance haussière contredit le traditionnel fléchissement du cours observé durant l'été. Apparemment, les stocks américains, nettement au-dessus de leur niveau de l'année dernière, n'ont aucune incidence sur le cours du pétrole, de plus en plus aux mains des traders. «En termes réels, les prix restent en dessous des plus hauts niveaux historiques, mais l'écart se resserre», observait Kevin Norrish, analyste à la banque Barclays Capital. Selon les calculs de Barclays Capital, en dollars actuels corrigés des effets de l'inflation, il faudrait que les cours atteignent 89,40 dollars pour battre leurs plus hauts niveaux de 1979, après la révolution iranienne. «Mais étant donné l'extrême vulnérabilité du marché pétrolier aux chocs à l'heure actuelle, c'est un record qui pourrait céder assez vite», anticipait M. Norrish. Pour Tony Nunan, de Mitsubishi Corp, dans un tel contexte haussier les 80 dollars pourraient n'être qu'une étape. «Je crois qu'il est temps de comprendre que des prix à trois chiffres ne sont plus un fantasme, mais bien une possibilité concrète», a-t-il avancé.Il est possible en effet que les investisseurs ne soient pas au bout de leurs surprises, la saison des ouragans dans l'Atlantique n'ayant quant à elle pas encore véritablement commencé.