Les collectivités locales s'installent dans la grève. Une bonne partie du mois de juillet sera consacrée à différents débrayages dont deux de 72 heures. La mort d'un syndicaliste, le 29 juin dernier, leur donne des arguments. Un mois de juillet presque chômé en intégralité par les employés et fonctionnaires des collectivités locales dont les syndicats ont prévu plusieurs grèves dont deux de 72 heures. Ainsi, à l'issue de leur réunion conjointe à Rabat le mardi 4 juillet 2006, les syndicats en question, affiliés à l'UMT (Union marocaine du travail) et à la CDT (Confédération démocratique du travail) ont décidé d'observer une grève de trois jours du 12 au 14 juillet. Les mêmes syndicats ont appelé à une autre grève, de 72 heures également, qui sera observée du 19 au 21 du même mois. Dans un communiqué conjoint, les deux syndicats déclarent avoir l'intention de tenir des sit-in, pendant les grèves, dans les villes qui ont connu les plus graves violations des droits des employés et fonctionnaires des collectivités locales. Un autre sit-in est programmé pour le 20 juillet devant le Parlement. De plus, les deux organisations syndicales ont décidé de faire de la journée du 12 de ce mois une "journée du martyr" pour commémorer le décès du syndicaliste Mostafa Laârej le 29 juin dernier après la dispersion par les forces de l'ordre d'un sit-in national tenu aux abrords du Parlement. Les syndicats des employés et fonctionnaires des collectivités locales relevant de l'UGTM et de la FDT ont décidé, eux, d'anticiper les choses en appelant à une autre grève de 72 heures devant être observée depuis hier mercredi 5 juillet 2006 avec un sit-in devant le siège du ministère de l'Intérieur. Pour les précédents débrayages, et ils sont légion, les quatre syndicats avaient coordonné la plupart de leurs actions. Ce qui revient à dire que les syndicats se relayent pour les grèves pour déboucher sur un mois de juillet pratiquement chômé. Un président de commune affirme que, tout en comprenant les revendications sociales de cette catégorie de salariés, les multiples grèves n'arrangent en rien les choses et pénalisent d'abord les citoyens et notamment lors de cette période estivale. Les employés et fonctionnaires des collectivités locales brandissent comme principale revendication la reconduction d'une prime spéciale de 270 DH décidée par Driss Jettou au moment où il était à la tête du ministère de l'Intérieur (accord du 1er juin 2002). Cette prime, selon des sources syndicales, a été versée aux intéressés pendant une période de deux années avant d'être supprimée sans la moindre consultation. Les syndicats revendiquent également un statut de base spécial, autre promesse non tenue par Driss Jettou, affirment-ils. Pour les syndicalistes, les choses auraient empiré depuis l'instauration de l'unité de la ville et notamment dans des agglomérations comme Casablanca, Rabat et Fès. Selon les syndicats, les plus affectés parmi les employés et fonctionnaires des collectivités locales se recrutent en général dans la catégorie des échelles de rémunération 1 à 9, mais les problèmes s'accentuent pour ceux des catégories classées entre l'échelle 1 et 5 avec un salaire de base ne dépassant parfois pas le seuil de 700 DH mensuels et 4 DH pour chaque heure supplémentaire (avec un plafond de 40 heures par mois). Le ministère de tutelle et le gouvernement en général ne semblent pas pressés de clore ce dossier. Et ce sont les contribuables qui se retrouvent pris en otages. Décidement, les communes ne savent produire que des grèves.