Faute de consensus, la question du Sahara n'a pas été abordée par le sommet des chefs d'Etat de l'Union africaine (UA), qui s'est tenu samedi et dimanche à Banjul, a-t-on appris auprès des participants. "Nous avons besoin de sincérité en Afrique pour trouver une solution à cette question", a déclaré à la MAP le président de la commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré,á lors de la conférence de presse marquant la clôture du sommet. Le président de la commission de l'UA a confirmé que la question du Sahara n'a pas été examinée par les chefs d'Etats africains. Alpha Oumar Konaré a admis que son rapport, présenté mercredi devant la réunion des ministres africains des Affaires étrangères, a suscité un vif débat lors de la réunion ministérielle. Selon plusieurs chefs de délégations contactés par la Map, le non examen de la question du Sahara par le sommet des chefs d'Etat de l'UA traduit la volonté de la majorité des dirigeants africains de se dessaisir définitivement de ce dossier pour le laisser entre les mains de l'ONU. ''Si l'ONU gère avec succès des dossiers aussi complexes que le Darfour, la Côte d'Ivoire ou la Somalie, pourquoi persiste-on à vouloir empoisonner les relations entre les pays africains par une question qui peut être traitée avec le même succès par l'organisation onusienne'', s'est interrogé un diplomate africain. En effet, le rapport de Oumar Konaré a été vivement critiqué par plusieurs pays africains qui ont reproché au président de la Commission de l'UA d'avoir pris fait et cause pour un seul pays, l'Algérie en l'occurrence, en omettant de signaler la proposition d'autonomie présentée par le Maroc et évoquée dans le dernier rapport du secrétaire général de l'ONU. Ces pays, qui ont refusé l'arbitraire et se sont placés du côté de la légalité, ont réclamé la modification de la partie sur le Sahara dans ce rapport, certains allant même jusqu'à demander sa suppression pure simple. Les vifs échanges qui ont opposé lors de cette réunion les représentants de ces pays aux Etats satellites de l'Algérie ont poussé le président de la commission de l'UA à fermer le débat pour que la question du Sahara soit soumise aux chefs d'Etats. Mais en l'absence de consensus, et face aux risques d'une nouvelle confrontation entre les pays qui soutiennent le droit et la légalité et ceux qui se rangent derrière l'Algérie, le sommet a préféré ne pas examiner la question. L'Algérie, profitant de l'absence du Maroc de l'UA, en protestation contre la violation flagrante de la légalité internationale par l'admission d'une fantomatique république, dépourvue des attributs élémentaires d'un Etat, a vainement tenté de faire adopter ce rapport qui cherchait à ressusciter le plan Baker, bien que celui-ci ait été jeté aux oubliettes depuis longtemps par le Conseil de sécurité et la communauté internationale. Et selon une source diplomatique africaine sûre, les deux paragraphes sur le Sahara qui figurent dans ce rapport ont été rédigés par un algérien, membre du secrétariat de la Commission de l'UA. Avant la clôture du sommet, les ministres des Affaires étrangères du Sénégal, du Gabon et du Togo ont démenti l'existence d'un consensus sur la partie traitant du Sahara dans le rapport de Konaré. Dans des déclarations à la MAP, ils ont affirmé qu'au contraire, des débats houleux ont marqué la réunion des ministres des Affaires étrangères à propos de ce dossier.