Le constructeur automobile français veut devenir majoritaire dans le capital de la Somaca. Il serait prêt à débourser 130 millions de dirhams en contrepartie des parts de l'Etat marocain, qui possède 38% de ce capital. Renault, qui détient déjà 22,1 % de parts du marché marocain des voitures particulières, ambitionne de faire du Maroc la deuxième plate-forme, après l'Afrique du Sud, de montage et d'exportation de ses voitures dans le continent. Le constructeur automobile français Renault est "sur le point de finaliser" son implantation industrielle au Maroc à travers l'acquisition de 38 % du capital de la Société marocaine de construction automobile (Somaca) actuellement détenus par l'Etat marocain», avance l'agence d'informations Associated Press (AP), le lundi 21 juillet dernier. Contactées, des sources gouvernementales ont confirmé à «Aujourd'hui Le Maroc» que les pourparlers engagés avec plusieurs repreneurs potentiels (Renault, Fiat et les Malais) sont sur le point d'aboutir. Le constructeur Français devrait, sauf surprise, concrétiser son projet en s'adjugeant la Somaca. L'investissement de Renault devrait être officialisé «avant la fin de cette semaine», précise notre source. Il est toutefois utile de signaler que le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin doit effectuer jeudi et vendredi prochains une visite à Rabat. Cette visite de travail sera, aux dires des observateurs, l'occasion d'officialiser cette acquisition. Les responsables de Renault Maroc restent toutfois réservés. Une tactique qui sous-tend la véracité de l'accord. « Nous sommes toujours en négociation avec les autorités marocaines. De ce fait, il est prématuré de dévoiler notre offre financière encore moins notre projet industriel», laisse entendre Nicolas Beguin, chargé de communication à Renault. « Une délégation du constructeur Français est attendue sur place, à la Somaca, aujourd'hui mercredi 23 juillet » nous confie une source interne. Cette visite s'inscrit dans le cadre de travail d'évaluation préliminaire. Ce projet de partenariat stratégique entre Renault et la Somaca vise à faire du Maroc une plate-forme régionale de construction, inspirée de l'expérience industrielle automobile du Mexique. Les objectifs industriels visent la fabrication de 40.000 véhicules par an, dont la moitié sera exportée vers les autres pays du Maghreb, en Afrique subsaharienne mais également dans l'Union européenne, liée depuis 2000 par un accord de libre-échange avec le Maroc. Renault, qui possède déjà 8 % du capital de la Somaca, aux côtés de Fiat (20 %) et de Peugeot SA (20 %), devrait donc contrôler à terme 46 % du constructeur marocain. Pour y parvenir, des indiscrétions parlent d'un montant de 130 millions de DH que Renault serait prêt à offrir, contre un minimum exigé par l'Etat en contrepartie de ses 38 % de 95 millions de DH. Renault détient déjà 16 % de parts de marché des véhicules neufs au Maroc, un marché relativement étroit de 60.000 véhicules, actuellement dominé par PSA et le constructeur italien Fiat (18 %) qui assemble depuis 1994 "la voiture économique" (Palio, Sienna, Uno) sur les chaînes de montage de la Somaca. Confrontée à de très graves difficultés, Fiat devrait donc se désengager du marché marocain, la convention de fabrication de la "voiture économique" expirant fin 2003. Toutefois, le climat social interne à la Somaca est tendu. Des inquiétudes sont formulées par les employés. « Nous sommes entièrement disposés à accueillir favorablement toute décision des autorités de tutelle. Sauf que nous avons un ensemble de contraintes et d'inquiétudes dont il faudra tenir compte », affirme Mohammed Elharif, secrétaire général CDT au sein de la Somaca. Pour le secrétaire général CDT, une douloureuse période de flottement est en perspective pour l'ensemble des employés. La menace de chômage technique pèse sur un effectif de 300 employés, estime la centrale. Le risque de voir l'activité cessée entre la période d'entrée en exercice du repreneur en 2006 (assurément Renault), dès l'annonce officielle est bien réelle. « Nous nous interrogeons sur notre devenir dans cet intervalle. Nous demandons à l'Etat de bien mettre en place des garde-fous pour que les 300 postes soient préservés», réclame Mohammed Elharif. En attendant de trouver des oreilles sensibles à l'ensemble de ces doléances, les regards sont, assurément, bien rivés avec succès d'ailleurs, sur l'incitation de l'investissement industriel. Les autorités marocaines multiplient depuis plusieurs années les incitations économiques et fiscales pour inviter les équipementiers automobiles (Valéo, Yasaki notamment) à s'implanter dans le Royaume et favoriser l'émergence d'une industrie automobile à vocation régionale sans équivalent dans le Maghreb.