Après l'acquisition des parts de l'Etat marocain (38%) dans la Société marocaine de constructions automobiles (SOMACA) pour un montant de 95 millions de dirhams (8,7 millions d'euros) par le constructeur français Renault, les interrogations vont bon train au sujet du projet industriel prévu par la marque au losange pour sa nouvelle branche marocaine. Rien n'a filtré à ce sujet du projet industriel formulé par Renault devant servir de base de reprise de la Somaca. L'annonce de ce projet est gardée au chaud jusqu'au 17 septembre prochain avec la visite officielle du président du groupe Renault Louis Schweitzer au Maroc. Et pour cause, le projet est de nature à modifier radicalement l'approche initiée depuis l'installation de Fiat. La nouvelle vision répond parfaitement aux objectifs des pouvoirs publics. Des infiltrations émanant du ministère du Commerce et de l'Industrie relatent les termes du plan de développement industriel proposé par le constructeur français Renault. La fabrication de la nouvelle voiture économique Dacia, qui remplacera sa devancière, l'italienne Fiat en est la finalité. En plus, il est désormais acquis que la convention liant l'état marocain à Fiat Auto pour la production et la commercialisation de la voiture économique, signée en 1994 pour six ans et prorogée jusqu'en décembre 2003, ne sera pas renouvelée. Il est toutefois bon de rappeler que le même Driss Jettou, alors ministre du Commerce et d'Industrie, actuellement Premier ministre qu'est revenue la décision finale devant trancher en faveur du groupe français. Est-ce un rappel à l'ordre suite à des engagements non tenus? En tout cas, grâce à cette privatisation, Somaca sera en mesure de se conformer non seulement aux normes européennes de construction automobile, mais aussi aux canons de la compétitivité internationale. Cette acquisition permettra au constructeur français de devenir le principal actionnaire de la Somaca, aux côtés de l'italien Fiat (20%) et du français Peugeot (20%). La cession des parts de l'Etat marocain dans la Somaca se fera en deux temps, 26% dès 2003 et 12% pour 2005, selon les termes de l'accord. Les deux parties prévoient une production par la Somaca de 30.000 voitures économiques dont 50% pour le marché local et le reste pour le marché régional. Créée en 1958 à Casablanca, la Somaca a un capital de 60 millions de dirhams (5,5 millions d'euros) et détient le monopole du montage à façon des modèles Renault, Peugeot et Citroën et de l'assemblage des véhicules Fiat. Le projet Renault est destiné, notamment, à transformer Somaca en entreprise de montage à vocation régionale. Le prix des véhicules à produire ne devrait pas dépasser 180.000 dirhams, sous condition de bénéficier d'avantages fiscaux de la part de l'État. L'offre Renault est adossée à la mise en œuvre d'un projet industriel de montage d'une voiture familiale, de marque Dacia, destinée aussi bien au marché local qu'à l'export. Cette voiture sera produite à partir de 2005, pour un volume de 30.000 unités par an, pouvant atteindre un régime de croisière de 45.000 véhicules par an. Ces voitures seront vendues sur le marché local au prix de 70.000 dirhams et sur le marché international à un prix moindre, soit 57.000 dirhams. Le constructeur roumain Dacia est passé en septembre 1999 dans le giron français. Celui-ci a engagé un investissement de 211 millions d'euros pour moderniser sa nouvelle filiale. Avec 53.000 véhicules vendus en 2002, Dacia contrôle près de 50% du marché roumain. L'acquisition de Somaca par Renault fait partie de sa stratégie d'internationalisation. Stratégie qui s'est traduite par des alliances avec des constructeurs automobiles aussi célèbres que le japonais Nissan ou le sud-coréen Samsung, sans parler du fait qu'en Europe occidentale Renault reste la première marque automobile sur le marché des véhicules particuliers et utilitaires.