Mokhtar Bahbaz, directeur de la société "Sihati", a été arrêté par la brigade de la police judiciaire du district Hay Hassani-Aîn Chock. Accusé d'escroquerie, il sera traduit aujourd'hui 14 juin devant le tribunal de première instance de Casablanca. Le directeur de la société "Sihati", sise au Technopark de Casablanca, n'est plus libre de ses mouvements. Mokhtar Bahbaz, ayant fait l'objet d'une plainte déposée par un chirurgien-dentiste, l'une de ses victimes, lesquelles se comptent par centaines, a été appréhendé lundi 12 juin 2006, en fin d'après-midi, par les éléments de la police judiciaire du district Hay Hassani-Aïn Chock. Ces derniers ont déployé un effort considérable pour mettre la main sur celui qu'ils surnomment "l'arnaqueur des médecins". Il était 19 h 30 mn. L'homme quinquagénaire, contre lequel un avis de recherche a été lancé en avril 2006, venait d'entrer dans le café jouxtant sa demeure, sise au quartier Sbata, pour suivre le match de football mettant aux prises l'équipe italienne et son homologue du Ghana. Les éléments du district Hay Hassani se sont approchés de lui et lui ont demandé sa carte d'identité. M.Bahbaz a tenté de fuir en arguant d'aller chercher chez lui sa CIN. "Je vais la chercher à la maison. J'habite tout près d'ici", leur dit-il. Après une vaine tentative de diversion, le mis en cause a sorti sa carte d'identité de ses poches. Après quoi, les éléments de la police judiciaire lui ont demandé de les accompagner au commissariat de Hay Hassani. Natif de Taroudant, Mokhtar Bahbaz, marié et père de famille, a mis sur le marché national deux cartes de soins portant le nom de "Carte Pass Vitale Santé" et "carte Sihati", promettant à son possesseur de multiples avantages. A en croire ce qui est écrit dans les formulaires d'adhésion au réseau Sihati, l'acquéreur de la "Carte Sihati" a le droit d'accéder à un réseau médical couvrant toutes les spécialités confondues à l'échelon national et de bénéficier éventuellement d'une subvention sur les médicaments ainsi que d'une réduction sur les tarifications des soins médicaux en vigueur. La société vendait également un logiciel aux médecins pour faire partie de son réseau. Selon son créateur, La carte Sihati n'est ni carte de crédit ni carte bancaire. C'est un support multi-fonctions qui permet au médecin d'identifier l'adhérent et ses ayants droit grâce à un logiciel de liaison défini pour cette tache et de créer ainsi une feuille de soins électronique qui est directement adressée au centre de traitement Sihati. Des commerciaux sillonnaient les différentes villes du Royaume dont Casablanca, Rabat, Salé, Témara, Mohammédia, Berrechid et distribuent des brochures vantant les "mérites" de cette carte. Selon des médecins, "près de 500000 cartes ont été écoulées sur le marché, soit des millions de dirhams amassés." Plusieurs médecins sont tombés au piège. Ce sont environ une centaine de médecins généralistes, spécialistes dans les différentes disciplines médicales, à savoir chirurgiens-dentistes, diabétologues, gynécologues, ophtalmologues et cardiologues. Certains de ces médecins ont déclaré, dans des lettres envoyées au Conseil régional de l'ordre des médecins, avoir fait l'objet "d'une escroquerie", d'autres dénoncent les agissements de la société Sihati et affirment ne jamais avoir signé de conventions ou d'accords dans ce sens. Parmi les médecins victimes, figure Abderrazak Achâab, qui a déposé une plainte en 2004. Celui-ci a été auditionné mardi 13 juin par la police judiciaire du district Hay Hassani-Aïn Chock. D'autres médecins devront être entendue le même jour.