Éprouvée par les récentes et tragiques inondations qui ont touché le sud-est du Royaume, Sidi Ali, localité frontalière avec l'Algérie, doit également faire face à la grève des transporteurs. Sidi Ali serait-elle en « état de siège » ? Comme si les récentes pluies diluviennes n'ont pas suffi, cette commune, située à environ 150 kilomètres de Rissani, -et à quelques encablures de la localité algérienne « Bachar »-, a dû, également, être confrontée à la grève des transporteurs. « C'est la paralysie totale ici, nous sommes restés sans provisions depuis déjà une semaine », s'insurge, catastrophé, un jeune habitant, lors d'un appel téléphonique à « ALM ». Les quelques autocars, qui desservent l'axe Sidi Ali-Rissani, pour les besoins d'approvisionnement de la population en produits de base, sont, depuis une semaine, « au point mort ». Harcelés par les contrôles routiers, au motif qu'ils font du « transport clandestin », les grévistes, -des habitants de Sidi Ali-, ont cessé de circuler. Mais affirment poursuivre leur mouvement de protestation pour arracher leur «droit à exercer leur métier légalement». «Nous avons entrepris toutes les démarches possibles pour obtenir nos agréments, en vain. Ces agréments, distribués au compte-gouttes, profitent généralement aux personnes habitant à Rissani, alors que personne, à Sidi Ali, n'en a encore bénéficié», s'écrie l'un des grévistes. Et de préciser : «Il faut tenir compte du caractère humanitaire de notre métier. Nous parcourons, chaque jour, plus de 300 kilomètres de piste pour permettre à nos co-villageois de s'approvisionner au souk de Rissani». Même son de cloche chez toute la population de cette localité enclavée. « Chaque jour, ces co-villageois se hasardent à travers monts et vallées pour nous permettre de nourrir nos familles », enchaîne Lahcen. Avant d'enfoncer le clou : « Au lieu de s'acharner contre ces pauvres chauffeurs, qui sont avant et après tout nos secouristes, les autorités auraient mieux fait de nous doter d'une infrastructure proprement dite routière ». Et de mettre à la disposition des habitants de cette localité, -considérée, récemment, par le HCP (Haut Commissariat au Plan), comme étant « la commune la plus pauvre au Maroc »-, des moyens de transport « légaux ». Mais voilà, cette revendication paraît, du moins pour le moment, « utopique », sachant bien que Sidi Ali manque, encore et toujours, d'alimentation en électricité et en eau potable. Pour le reste, le minimum de conditions de vie manque, pathétiquement, dans cette localité éloignée. Oubliée. Sur les quatre cents familles qui continuent de s'accrocher à leurs bouts de terre, 140 auraient déjà plié bagages. L'indifférence manifestée, à titre « officielle », à l'égard de cette localité, en a rajouté à l'inhospitalité d'un ciel qui, depuis déjà une décennie, n'a pas versé une seule «larme» de compassion sur sa population. Les dernières pluies diluviennes, qui se sont abattues sur cette localité relevant de la province d'Errachidia, n'ont fait que « conforter » cette population dans sa crainte… d'une mort certaine.