Alors que les représentants des factions afghanes négocient à Bonn la période post-Taliban, les Marines poursuivent leur déploiement en Afghanistan La conférence inter-afghane sur l'avenir politique de l'Afghanistan qui s'est ouverte mardi à Bonn, a pour objectif de dessiner l'ère post-Taliban dans un pays toujours en guerre. Mais où l'assaut final contre les Taliban a été sonné avec l'entrée en action des Marines américains à Kandahar. Un véritable débarquement qui ressemble, à s'y méprendre, à une invasion. À l'ouverture de la conférence, qui rassemble 28 délégués afghans sous l'égide de l'Organisation des nations unies (ONU), l'Alliance du Nord, nouveau maître de Kaboul, a assuré ne pas vouloir rester seule au pouvoir en Afghanistan. Joschka Fischer, le ministre allemand des Affaires étrangères, a ouvert la conférence en exhortant les participants à saisir l'occasion pour ramener la paix dans un pays déchiré plus de 20 ans de guerres civiles et de violence. Dans les milieux diplomatiques, on espère que les discussions de Bonn permettront d'instaurer un conseil afghan d'une quinzaine de personnes - une sorte de gouvernement - ainsi qu'un « Parlement» d'une centaine de députés qui resteraient en place jusqu'à la tenue d'élections. Et si beaucoup voient l'ex-souverain afghan Zaher Shah comme un point de ralliement en espérant qu'il voudra et pourra jouer un rôle de rassembleur, ce n'est cependant pas l'avis du chef de l'Alliance du Nord, l'ex-président Burhanuddin Rabbani, qui a déclaré que «les dirigeants importés n'étaient pas les bienvenus » en Afghanistan. Sur le terrain, deux jours après leur arrivée sur un aérodrome dans le désert du sud du pays, près d'un millier de Marines américains ont renforcé leurs effectifs et multiplié les patrouilles aériennes et terrestres afin de sécuriser leurs positions. À peine débarqués, ils ont déjà connu le baptême de feu en terre afghane. Et leur mission semble être de prendre Kandahar pour en faire une tête de pont afin d'étendre leur contrôle à l'ensemble du territoire, voire de la région. Les Taliban sont, pour leur part, toujours retranchés dans leur dernier bastion, Kandahar, en dépit de bombardements américains qui ont duré près de quatre heures, selon un témoin se trouvant dans la ville. Celui-ci a souligné que les Taliban s'apprêtaient à combattre « jusqu'à (leur) dernier souffle » pour défendre la ville, que n'aurait toujours pas quittée, selon lui, le mollah Mohammad Omar. Quant à Oussama Ben Laden, celui-ci reste introuvable. Pour empêcher sa fuite vers le Pakistan, Islamabad a affirmé avoir verrouillé hermétiquement sa frontière avec l'Afghanistan, qui est une véritable passoire. Et si l'issue de la crise ne semble faire aucun doute, la situation demeure, malgré tout, confuse.