Le stock des pesticides périmés au Maroc est estimé à une quantité de 700 tonnes, a indiqué, lundi à Rabat, le secrétaire général du ministère de l'agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, M. Moha Merghi. Ces pesticides sont détenus par certaines structures de proximité du département de l'agriculture, notamment certaines sociétés d'Etat et des agriculteurs répartis sur l'ensemble du territoire national, a précisé M. Merghi à l'ouverture de l'"Atelier national d'information et de sensibilisation des ONGs sur l'élimination des pesticides périmés", organisé, sur deux jours, par l'association Ribat Al Fath pour le développement durable. Le secteur des pesticides a connu au cours des deux dernières décennies un développement assez important au Maroc, puisque le volume des ventes est passé de 4.000 tonnes au début des années 80, à environ 12.000 tonnes en 2000, a-t-il relevé, précisant que les quantités utilisées permettent de couvrir une superficie d'environ 1 million d'hectares répartis entre les céréales, les agrumes, les primeurs, l'arboriculture, la vigne et les cultures industrielles. Toutefois, la quantité de pesticide utilisée au Maroc, estimée à 1,3 kg/ha/an, reste très faible en comparaison avec des pays européens comme la France, qui utilise 5 kg/ha/an, a-t-il estimé. M. Merghi a, par ailleurs, considéré que le problème de l'accumulation des pesticides périmés dans les pays en développement, et en particulier les pays africains, constitue une réelle menace pour la santé des populations et de l'environnement, relevant que ces pays ont accumulé des stocks de pesticides périmés, estimés à 50.000 tonnes, en raison de la gestion inappropriée des stocks, du manque de coordination ou à la fourniture inadéquate des organismes donateurs. Pour sa part, le directeur de la surveillance et de la prévention des risques au sein du ministère de l'aménagement du territoire, de l'eau et de l'environnement, Mme Rajae Chafil, a indiqué que le Maroc va signer prochainement une convention avec la Banque mondiale relative au lancement du programme africain relatif aux stocks de pesticides obsolètes (PASP), dont le financement est estimé à 45 millions de dirhams. Le Maroc compte parmi les dix premiers pays qui vont bénéficier de ce grand programme, a indiqué Mme Chafil. Conscient de l'importance de la gestion rationnelle des déchets et produits chimiques dangereux, le ministère de l'aménagement du territoire, de l'eau et de l'environnement a élaboré plusieurs programmes, dont celui relatif à l'inventaire de l'ensemble des produits chimiques dangereux existants au Maroc, a-t-elle souligné, précisant que cet inventaire, qui sera bientôt finalisé, permettra d'établir une carte localisant les dangers chimiques au Maroc. Et d'ajouter que le ministère est sur le point de concevoir une méthodologie de gestion des produits chimiques au Maroc, en collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé, et d'élaborer un plan national de gestion des polluants organiques persistants (POP), prévue par la Convention de Stockholm, ratifiée par le Maroc en 2004. De son côté, le représentant de l'organisation internationale "Pesticide Action Network", section d'Afrique, M. Hassan Sar, a rappelé que les quelques 50.000 tonnes de pesticides obsolètes que l'Afrique compte, sont devenus des déchets toxiques dangereux et sont souvent stockés dans des conditions très précaires, soulignant que plusieurs communautés, surtout les plus pauvres et les plus démunies, souffrent de la présence de ces déchets toxiques dans leur environnement. Il a, à cet égard, relevé que les pays africains n'ont pas les capacités techniques et financières nécessaires pour une élimination écologiquement rationnelle des importants stocks de pesticides périmés, faisant observer qu'une action internationale, concertée et basée sur un partenariat à tous les niveaux, est nécessaire pour régler ce problème. Et d'ajouter que c'est pour faire face à ce défi majeur à l'échelle du continent africain que le programme africain relatif aux stocks de pesticides obsolètes (PASP) a été initié par plusieurs partenaires venant aussi bien d'institutions internationales, d'organisations sous régionales, de donateurs et de la société civile, dans l'objectif de débarrasser le continent noir des stocks de pesticides périmés et mettre en place des mesures de prévention qui éviteraient la constitution de futurs stocks de pesticides obsolètes. Compte tenu de l'ampleur du problème, le PASP a adopté une approche par phases, dont la première, officiellement lancée en 2005, s'étale sur une durée de 3 à 4 ans, pour un coût global estimé à 60 millions de dollars, et concerne sept pays, dont le Maroc, a indiqué le responsable de l'organisation internationale. Le représentant de la Banque mondiale (BM) au Maroc, M. Farid Balafrej, a pour sa part, fait état de l'action menée par la BM en matière d'élimination des pesticides périmés, notamment en Afrique. Le président de l'association Ribat Al Fath pour le développement durable, M. Abdelkrim Bennani, a, de son côté, souligné la disposition de l'association à apporter son appui total à la réussite du PASP au Maroc et de contribuer à la mise en place d'un plan de gestion écologiquement rationnelle des produits chimiques dangereux pour l'environnement et la santé des citoyens. Les travaux de cet atelier se focalisent sur deux axes principaux, à savoir, "la politique des pesticides au Maroc" et "le projet d'élimination des pesticides périmés et la prévention de leur accumulation".