L'Alliance présidentielle vient de connaître une fin prématurée. Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a affirmé que son parti fera désormais cavalier seul et ce à partir des prochaines élections législatives. L'Alliance présidentielle, qui a porté en 2004 la candidature de Abdelaziz Bouteflika, vient de s'écrouler comme un château de cartes. Une fin tragique, mais prévisible. Ces derniers temps, les tractations entre les partis de l'alliance ont fini par éclater au grand jour. Mais maintenant, c'est devenu officiel. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du Front National de Libération (FLN, parti au pouvoir), a affirmé que son parti fera cavalier seul lors des prochaines élections législatives. Il a ainsi exclu de façon claire et nette toute liste commune avec le MSP (Mouvement social pour la paix) et le Rassemblement National Démocratique (RND). «L'Alliance nous a trahis», cette phrase du parton du FLN a fait, jeudi dernier, le tour des journaux algériens. En effet, lors des élections sénatoriales du 23 février dernier, à Tizi Ouzou, le FLN s'est partagé avec le RCD les deux sièges pour le Sénat réservés à cette wilaya. M.Belkhadem a expliqué qu'au moment du vote, son parti avait 176 voix, le RCD 174 et le RND 32. «Pour le second, le FLN a gardé le même nombre de voix alors que celles du RCD ont augmenté et celles du RND ont baissé», a-t-il poursuivi pour conclure qu'il y a eu un report de voix du RND vers celles du RCD. Reconnaissant qu'il se peut que ce comportement soit le fait d'initiatives d'individus et non une décision du parti, le secrétaire général du FLN a comme même décidé de se «venger» du comportement de son allié, le RND. «Nous sommes des aigles, nous volons très haut, rassurez-vous, nous n'allons pas nous venger. Nous irons seuls aux législatives de 2007, il n'y aura pas de listes communes pour ces élections», a-t-il tranché. Le quotidien «L'Expression» a précisé que ces déclarations rejoignent les propos tenus par Abderezzak Mokri au sujet de l'alliance présidentielle. Pour le vice-président du MSP, les élections partielles de Kabylie ont démontré les limites de cette alliance stratégique. Durant ces élections, le Front des forces socialistes FFS, le plus vieux parti d'opposition, avait raflé la mise. Il avait alors confirmé sa forte implantation dans cette région. Par ailleurs, Abdelaziz Belkhadem a profité de sa sortie pour raviver la polémique des salaires pourtant tranchée par le président de la République dans son dernier discours. Il a ainsi appelé à la révision de la loi de la fonction publique permettant l'amélioration du niveau de vie des travailleurs. Pour lui, «le syndicalisme permet indéniablement d'apporter un plus au monde du travail, d'autant que c'est un droit largement garanti par la Constitution». Une chose est sûre, conclut-il, «le projet de loi sur la fonction publique sera source de plus-value pour le monde du travail et, par extension, pour le pays. En conséquence, tout le monde y trouvera son compte». Les déclarations du secrétaire du parti majoritaire confirment que la scène politique algérienne est actuellement victime de plusieurs fissures. La guerre au pouvoir s'intensifie, alors que le président Abdelaziz Bouteflika est mis hors-jeu, petit à petit.«De la chefferie du gouvernement à la révision de la Constitution, en passant par l'augmentation des salaires, et des «bégaiements» de l'alliance présidentielle, la polémique continue...,» conclu «L'Expression». Algérie : une alliance fictive Le MSP, le RND et le FLN avaient fait un pacte en 2004 pour affronter «vents et tempêtes» et imposer des choix politiques. RND et FLN oubliaient les petites rancunes nées en 1997, date à laquelle le parti de Tahar Benbaïbèche, destitué depuis, devait servir de majorité à Liamine Zeroual. Le RND ignorait son animosité vis-à-vis des islamistes et acceptait avec joie de pactiser avec le MSP. L'élection présidentielle passée, l'Alliance devait se remettre en forme pour appliquer le programme de Bouteflika. L'ambiguïté entre les projets de ces trois partis et le programme qui les unit paraissait comme un détail. Mais ce fut une illusion puisque qu'au bout de deux ans, l'Alliance s'est effondrée de façon prématurée et brutale.