Les islamistes, que la classe politique courtise de plus en plus, sont sûrs qu'ils seront du prochain gouvernement de 2007. Mais pas seuls. Le Premier secrétaire de l'USFP s'est ouvert lundi 23 janvier à la presse nationale dans un désir de communication manifeste. Affaire du Sahara marocain, travail de l'IER, mémoires de Abderrahim Bouabid, action des ministres du parti, fusion avec le PSD et bien sûr la question des alliances en vue des législatives de 2007. Sur chacun de ces points, Mohamed Elyazghi a livré son avis en vieux briscard de la politique rompu au jeu des questions-réponses. Certes, l'USFP peut se targuer d'avoir fait une bonne opération politique en avalant le parti de Aïssa Ourdighi. Reste à vérifier sur le terrain l'impact de cette réunification. Mais reprendre l'initiative et garder l'ascendant dans un champ partisan déconstruit et confus sur fond de nouvelle donne nationale n'est pas toujours facile. S'adapter aux changements en cours dans le pays nécessite évidemment plus que des professions de foi et des réflexes qui ont parfois la vie dure. Composante essentielle de la classe politique, l'USFP traverse à coup sûr une phase décisive de son histoire riche néanmoins en actions militantes et avant-gardistes. Pour ne pas perdre ses acquis, elle a besoin plus que jamais, à la lumière du contexte actuel, de reformuler son discours et d'orienter ses efforts vers les préoccupations de l'heure et de demain. Le parti de M. Elyazghi est-il résolument engagé dans cette logique ? Or force est de constater que l'USFP n'a soutenu que du bout des lèvres le travail historique de l'IER. Elle a en outre publié sur les colonnes de ses journaux des mémoires de Abderrahim Bouabid jugés sujets à caution et entretient le flou absolu autour de ses futures alliances politiques. Quand un Abdelouahed Radi, président du Parlement, déclare qu'il n'est pas interdit de dialoguer avec tout le monde, on ne comprend qu'une seule chose : l'USFP attend le moment opportun pour proclamer ses choix et qu'elle est capable de s'allier y compris avec le diable pourvu que la balance penche de son côté. Et le socle des valeurs et des convictions qui sont supposées fonder la démarche de toute formation politique digne de ce nom ? Il est vrai que M. Elyazghi a précisé lors de sa conférence de presse que le rapprochement de son parti ne se fera qu'avec un pôle démocratique et moderne, mais des propos comme ceux de M. Radi, qui ne peuvent pas engager que lui-même, participent à nourrir le doute sur les intentions du parti et sur sa vraie capacité à en découdre avec le PJD. Il ne faut pas que la perspective de retourner éventuellement à l'opposition, un camp d'où il est possible de jouer pleinement son rôle, hante les nuits des socialistes au pouvoir. Les islamistes, que la classe politique courtise de plus en plus, sont sûrs qu'ils seront du prochain gouvernement de 2007. Mais pas seuls. Ils savent qu'ils ont besoin d'alliés et de forces d'appoint. En attendant, le marché est ouvert. Pour tout le monde comme dirait M. Radi !