Le général Larbi Belkhir, vieux routier de la politique bouteflikienne, continue de faire la sourde oreille quant à la situation de ces deux clandestins algériens depuis leur découverte dans le bateau marocain. Il s'agit pourtant de citoyens domiciliés à Alger et à Tizi Ouzou, sur lesquels donc ne pèse aucun doute de nationalité. Deux Algériens défrayent la chronique maritime ces derniers jours au Maroc. Non, ce ne sont nullement des amoureux du voyage, adeptes de tourisme de croisière, qui sont venus à notre pays pour découvrir les charmes du «plus beau pays du monde». Il s'agit tout bonnement de citoyens de ce pays voisin qui aspirent à une meilleure vie et qui, comme des milliers de Marocains d'ailleurs, étaient obnubilés par l'eldorado européen. N'ayant que ce seul objectif à atteindre, ils ont choisi d'embarquer sur le premier navire du port de Casablanca en partance pour l'Europe. C'était en novembre dernier. Et depuis, les deux clandestins, toujours à bord du bateau de l'IMTC, font le tour des mers, n'ayant pu débarquer nulle part. Une odyssée maritime qui a pourtant laissé les autorités consulaires algériennes de marbre. Le général Larbi Belkhir, vieux routier de la politique bouteflikienne, continue de faire la sourde oreille quant à la situation de ces deux clandestins algériens depuis leur découverte dans le bateau marocain. Il s'agit pourtant de citoyens domiciliés à Alger et à Tizi Ouzou, sur lesquels donc ne pèse aucun doute de nationalité. Les contacts, les relances, les correspondances, les lettres sont restés vains. Son Excellence souhaite avant toute chose être saisi officiellement par le Maroc pour rapatrier ses deux compatriotes qui rêvaient de vie meilleure, loin des pétrodollars algériens. L'armateur marocain, victime de cette exigence bureaucratique, n'en demandait pourtant pas plus qu'un simple sauf-conduit, un bout de papier portant le sceau du consul général d'Algérie pour pouvoir débarquer le « colis » indésirable et l'expédier à bon port. Un précieux sésame qui pourrait libérer les deux malheureux, leur permettre de rentrer chez-eux et mettre fin à une situation burlesque qui n'a que trop duré. Quelle que soit l'issue de ce «ping-pong maritime», c'est aujourd'hui la fragilité du système de sécurité et de sûreté portuaire marocain qui est mise à nu. L'on pensait avec les scanners mis en place par l'ODEP que le problème des clandestins dans les bateaux est réglé. Que nenni. Hélas !, ce phénomène devient récurrent dans les ports marocains, notamment celui de Tanger et de Casablanca. Dans ce dernier port, aux normes ISPS dit-on, le déménagement du port de pêche, jadis pointé du doigt, n'y a servi à rien. La grande muraille qui entoure l'enceinte portuaire, pourtant haute de trois mètres, n'a pu stopper ce flux de candidats à l'immigration clandestine qui, faisant fi des risques et dangers qu'ils encourent, s'enferment à bord du premier bateau. Il y a quelques mois, c'étaient des Marocains qui étaient découverts en Australie dans le conteneur vide d'un navire qui a fait escale au Maroc. A Rotterdam, ces petites découvertes, souvent macabres, sont légion. Aujourd'hui, le cas de ces deux Algériens non grata, surtout de la part de leur gouvernement, est emblématique du malaise d'une jeunesse en mal d'espoir.