Le meurtre de Rabah Aïssat, président de l'assemblée départementale de Tizi-Ouzou (Kabylie), a suscité la crainte d'un retour des attentats politiques. A la veille des élections municipales et législatives qui auront lieu au début de 2007, Rabah Aïssat, président de l'assemblée populaire (commune) de la wilaya de Tizi-Ouzou en Kabylie et membre du Front des forces socialistes (FFS, parti d'opposition), a été assassiné jeudi dernier par un individu portant un gilet de la Sûreté nationale. Atteint de plusieurs balles, M. Aïssat a succombé à ses blessures vendredi à l'aube à l'hôpital de Draa el-Mizan, une localité proche, où il avait été admis d'urgence. Ce meurtre a suscité chez certains observateurs algériens la crainte d'un retour des attentats politiques qui avaient marqué la décennie noire (entre 1992 et 2002), surtout que l'Algérie est en période préélectorale et que les élections municipales et législatives auront lieu au début de 2007. «À qui profite le crime ?», s'interroge le quotidien «L'Expression», qui fait remarquer que sur le plan politique, il y a des enjeux énormes. «On pourrait vouloir déstabiliser le FFS, parti d'Aït Ahmed largement implanté dans la région et même au-delà, surtout au centre du pays. Le FFS contrôle déjà de nombreuses communes et est à la tête de l'assemblée populaire dans la wilaya de Tizi-Ouzou», souligne le journal. «L'Expression» n'exclut toutefois pas la possibilité que cet assassinat soit un règlement politique, un acte terroriste ou tout simplement l'œuvre des mafias du sable et du foncier (...), pour marquer «leur territoire et faire peur à tous les élus qui seraient tentés de leur mettre des bâtons dans les roues». «Quant à la région, nul n'ignore qu'elle est en butte à une situation d'insécurité et de sous-investissement alarmant. Les capitaux et les investisseurs quittent la région à la recherche de cieux plus cléments», renchérit «L'expression». D'autres journaux comme «El Watan» ou encore «Liberté» ont vite imputé cet assassinat au GSPC (Groupe salafiste pour le combat et la prédication). Pourtant, les attaques de ce groupe armé, qui a ouvertement dit non à la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, visaient principalement des policiers, des militaires, des gardes communaux, des établissements financiers ou encore des véhicules de transport de fonds. En tout cas, le quotidien «Liberté» se demande si le pays ne va pas renouer avec les assassinats politiques ciblant des «figures-symboles» comme il fut le cas durant la décennie noire où «de nombreux patriotes de l'Algérie et de la démocratie sont tombés sous les balles assassines des groupes armés». Rabah Aïssat dont le nom vient de s'ajouter à la liste de ceux-ci était un membre du FFS, l'uns des plus importante formations politiques d'opposition. Ce n'est pas la première fois qu'un membre du parti de Houcine Aït Ahmed ait été la cible d'un attentat. Il y a un an, un autre élu FFS, Ali Azrarag, vice-président d'une municipalité de la région de Bouira (Est d'Alger) avait été assassiné par des inconnus. Un garde communal assassiné en Kabylie Un garde communal a été assassiné dans la nuit de samedi à dimanche par un groupe armé islamiste à Bordj Ménaïel en Kabylie (80km à l'Est d'Alger), rapporte dimanche la presse algérienne. La victime a été atteinte de plusieurs coups de feu tirés par un homme en sortant de chez elle. Cette attaque a eu lieu le jour de l'enterrement du président de l'assemblée départementale de la ville voisine de Tizi-Ouzou, Rabah Aïssat. La violence imputée aux islamistes armés persiste, en dépit de l'entrée en vigueur, en février, d'une «Charte pour la paix et la réconciliation nationale» censée y mettre fin. Au moins 12 personnes ont été tuées dans des violences en Algérie depuis le 1er octobre, 15 depuis le début du mois de Ramadan le 24 septembre, selon un décompte établi d'après des bilans officiels et de presse.