Mutation. C'est le mot qui aura marqué le champ médiatique lors des dernières années et surtout en 2005. Textes de loi, subventions, promotion des ressources humaines... Et si le champ médiatique national était enfin sur la bonne voie ? L'année 2005 aura été, sans conteste, l'année par excellence de la presse écrite. En mars, se tenaient les premières Assises nationales de la presse écrite. Trois jours de conclave et tout un paquet de décisions : un contrat-programme de 50 millions de dirhams et une convention collective qui encadre les rapports entre journalistes et entreprises de presse. Ces décisions seront concrétisées avant la fin de l'année instaurant plus de visibilité et une transparence que personne ne remet en cause. Les entreprises structurées ont eu leur part de la subvention étatique avec une "pensée" pour d'autres publications pour sauvegarder le pluralisme et un délai de grâce pour d'autres. La mise à niveau est en branle et la commission paritaire y veille. Jamais la collaboration gouvernement-FMEJ-SNPM n'a été aussi fructueuse. Et surtout bénéfique pour tout le secteur. La presse régionale ne sera pas en reste puisqu'elle est concernée par ce vaste chantier. L'instance chargée de la déontologie aura toutefois, et toujours, du pain sur la planche surtout si son action était appelée à se substituer au recours à la justice, source de beaucoup de polémique. Ce qui est peu probable. Le début de 2006 apportera encore une heureuse nouvelle avec l'approbation du cahier de charges de la SNRT (Société nationale de la Radio-Télévision), héritière de la défunte RTM. La "vieille dame", qui prend un coup de jeune, voit désormais sa mission encadrée avec les moyens et les hommes qu'il faut. La SNRT peut aujourd'hui prétendre à un pôle public avec ses différentes "filiales". La station coranique, la télé coranique Mohammed VI, la Quatrième, la télé régionale de Laâyoune et "Al Maghribia" viennent compléter l'édifice. Avant la SNRT, c'est 2M-Soread qui se dotait elle aussi, en août 2005, d'un cahier des charges ne laissant rien au hasard du pourcentage des langues pour les programmes à l'obligation de réserver une part aux productions nationales. Désormais, les deux chaînes de télé sont dans le devoir de produire tel nombre de fictions et assurer tel pourcentage de diffusion en arabe, en français et en amazigh. Bien avant, la HACA (Haute autorité de la communication audiovisuelle) a été mise en place pour encadrer le tout, veiller au respect des cahiers des charges, au contenu des programmes et à la sauvegarde du pluralisme. Du pain sur la planche, la HACA en aura certainement. Passage aux urnes en 2007 oblige. Avec les dizaines demandes de radio et de télé privées, les équipes de M. Ghazali ne risquent pas de chômer. 2005, c'était aussi l'année de la promulgation de la loi 77-03 encadrant l'audiovisuel et une libéralisation devenue inéluctable. Il y va de la place du Maroc sur la scène médiatique internationale, mais aussi d'un pan de la "nouvelle économie" qui risque d'être sous-exploitée. Auteur d'une présence sans précédent sur la scène cinématographique internationale, le Maroc a renforcé cette tendance en 2005 avec une série de festivals et des productions de bonne facture. A Tanger, à l'occasion de la huitième édition du Festival national du film, le ministre de la Communication annonce que le Fonds d'aide allait majorer ses dotations de 20 millions de DH pour passer, en 2006, à 50 millions DH au lieu de 30. Qualité, spectacle doivent être au rendez-vous. Surtout si sont reléguées à un autre plan les inutiles escarmouches autour de la "moralité" de telle production ou le degré de "catholicisme" de telle oeuvre. La MAP se voit vouée, elle aussi, à une autre destinée. Grossiste de l'information, ses journalistes se voient promettre de meilleures conditions de travail. Depuis quelques années, les coups de jeune successifs qui y ont été apportés commencent à donner leurs fruits. Le reste dépendra de l'avenir. En fait d'immenses efforts ont été fournis lors des derniers mois que ce soit au niveau de la législation ou des autres mesures de mise à niveau et d'accompagnement. Toute cette mobilisation, qui date de plus d'une décennie, nous donne l'image d'un secteur en pleine mutation et dont il restera à mieux cerner les contours. L'avenir, proche, sera concluant du moment que le train est sur les rails. L'image du Maroc, désormais exception régionale quoi qu'en disent les nihilistes, s'en trouve mieux lotie. Et si on était sur la bonne voie, pour une fois?!