Le changement du mode de scrutin est d'actualité. Une commission ministérielle en a longuement débattu. Le microcosme politique bruissait d'une même rumeur. Le mode de scrutin serait maintenu en l'état. Une même information circulait, ici et là. La révision du Code électoral, présentée comme un sésame à l'organisation d'élections transparentes, n'aura pas lieu. Une réunion ministérielle tenue à la fin de la semaine dernière, à Rabat, vient de mettre un bémol à cette vraie-fausse information et redonner un souffle d'espoir à tous ceux qui ont à cœur le changement du mode de scrutin. La troïka chargée de la réforme du code électoral, composée notamment des ministres de l'Intérieur, de la Justice et du Secrétaire Général du gouvernement s'est réuni avec les représentants, au gouvernement, des partis politiques formant la majorité. «Cette rencontre a d'abord eu le mérite de signifier que les contacts étaient maintenus et que la réforme du code électoral était toujours à l'ordre du jour», a confié à «Aujourd'hui le Maroc» un ministre battant pavillon koutla. En rencontrant pour la première fois, dans un cadre formel la majorité pour débattre du code électoral, le nouveau locataire du ministère de l'Intérieur, Driss Jettou, révélait également son état d'esprit. «Il a tenu un discours politique. En reconnaissant la nécessité d'un changement du mode de scrutin, il a néanmoins fait preuve de pragmatisme en demandant aux partis de la majorité de faire en sorte de rendre possible, en dix mois, une nouvelle manière de vote. M. Jettou a été également très clair sur la question de la carte d'identité nationale: dans le meilleur des cas, sa généralisation ne pourra se faire qu'à hauteur de 80%, affirme l'un des participants à cette réunion. En fait, et d'après nos informations, Driss Jettou a remis les pendules à l'heure … électorale. «Oui à la réforme du code électoral, oui au changement du mode de scrutin. Mais soyons réalistes et examinons les mécanismes que nous pouvons mettre en place avant septembre 2002», aurait déclaré en substance le responsable gouvernemental. Un tour de table a permis de faire l'inventaire des différentes positions de la majorité concernant le système électoral. Du scrutin par liste à celui uninominal, les uns et les autres ont décliné les orientations des familles politiques auxquelles ils appartiennent. Et permis, dans la foulée, la fin des équivoques, des ambiguïtés et autres rumeurs. «Exemple, la position de l'USFP que l'on accusait de recul et dont on disait qu'elle serait pour le maintien du scrutin uninominal avec une préférence pour le système à deux tours. M. Youssoufi qui était présent à cette réunion a été formel. Son parti est en faveur d'un scrutin de liste à la proportionnelle», relève un dirigeant d'un parti de la majorité. Les premières positions ont donc été dégagées. Une nouvelle réu-nion doit se tenir dans les tous prochains jours et rien n'est encore tranché quant à la manière de voter des électeurs en 2002.