Dans le débat sur la révision du mode de scrutin, plusieurs formations politiques, excepté le PJD peut-être, semblent être partisans du mode de scrutin uninominal à deux tours. Décidément, le mode de scrutin uninominal a la vie dure. Depuis quelques jours, les rumeurs concernant une refonte du code électorale se font de plus en plus insistantes. Même si au ministère de l'Intérieur on se garde d'étaler au grand jour des préparatifs de ce genre, les partis politiques, eux, n'ont aucun mal à annoncer la couleur. "L'USFP et l'Istiqlal se sont concertés pour adopter une position commune", assure Abdelhamid Aouad, président du groupe istiqlalien à la Chambre des Représentants. Il affirme que durant le mois de septembre, des commissions composées de représentants des deux partis vont se réunir pour discuter de la révision du mode de scrutin, du statut des villes, des subventions étatiques octroyées aux partis politiques… Concernant le mode de scrutin, Aouad estime "personnellement, que le Maroc doit abandonner le système des listes et adopter, en revanche, le mode uninominal à deux tours". C'est, pour lui, une manière d'encourager les alliances et les désistements entre les partis politiques. Sa position rejoint celle de Mohamed Karam, avocat au barreau de Casablanca et député usfpéiste. Karam a précisé que "cette question est inscrite à l'ordre du jour du prochain Congrès national de l'USFP". Mais il souligne tout de même que, pour lui, le mode de scrutin idéal serait l'uninominal à deux tours. Pour sa part, Saâd Eddine El Othmani, secrétaire général du PJD, soutient que son parti "ne voit aucune raison de changer le mode de scrutin de liste". D'ailleurs, le PJD a été le premier parti à demander son instauration. El Othmani semble beaucoup plus préoccuper par la refonte totale des listes électorales et surtout la généralisation de la carte d'identité nationale (CIN). Pour lui, cette dernière doit être, lors des élections de 2007, le seul document permettant l'enregistrement sur les listes et la participation aux votes. Mais la position du PJD ne semble pas faire l'unanimité. La Mouvance populaire, également, prend cette question très au sérieux. "Nous avons été, dès le premier jour, contre le mode de scrutin de liste, et notre position demeure inchangée", fustige Messaoud Mansouri, président du groupe MP-MNP à la Chambre des représentants. Il précise, justement, que le bureau politique du Mouvement populaire se réunira ce samedi 11 septembre pour débattre, entre autres, de la question de la révision du mode de scrutin. La Mouvance populaire soutient également l'idée d'un mode électoral uninominal à deux tours. Pour Mansouri, ce mode de scrutin est le plus adapté à la politique de proximité prônée par l'Etat. Le gouvernement marocain a-t-il les moyens financiers et humains pour organiser des élections à deux tours? Après avoir fourni tant d'efforts pour expliquer aux citoyens la manière de voter avec une liste, il va falloir, si l'uninominal à deux tours est retenu, tout recommencer dès le départ. En tout cas, toutes les formations politiques interrogées estiment que le seuil de représentativité, actuellement de 3%, doit impérativement passer à 5%, au minimum. Reste à savoir si ce taux sera appliqué pour les résultats à l'échelle nationale ou au niveau de chaque circonscription. Les partis exigent aussi que le ministère de l'Intérieur réalise des simulations avant de choisir telle ou telle option. Manifestement, tout ce débat est l'apanage des cercles politiques fermés et quelques fonctionnaires ministériels. On a du mal à chasser les vieilles habitudes, celles qui faisaient que des questions d'intérêt général soient traitées en catimini.