Faut-il asphyxier une industrie locale qui emploie directement et indirectement quelque 20.000 personnes et permet une dynamisation de l'économie nationale ou alors ouvrir complètement la porte devant des produits venus d'ailleurs comme le stipule, ou plutôt l'exige cette mondialisation insolente qui balaie tout sur son passage ? L'on s'agite beaucoup dans les milieux des céramistes ces derniers temps. D'un côté, les producteurs locaux, une vingtaine au total, qui produisent actuellement l'essentiel de la consommation nationale mais qui s'estiment lésés par une concurrence «déloyale» espagnole, italienne, turque, égyptienne et surtout chinoise. De l'autre, les importateurs qui, s'appuyant sur des accords de libre-échange et d'association que le Maroc a signés avec divers pays, veulent que le gouvernement ne fasse pas marche arrière par rapport aux engagements pris à l'international. Il y va de l'image et de la signature du Maroc auprès de ses partenaires étrangers. Et dans le match producteurs nationaux contre importateurs, deux visions s'entrechoquent : libérer ou protéger. Et chaque partie tire la couverture de son côté. Réunions, communiqués de presse se multiplient de part et d'autre. Dans cette guerre de lobbys, deux ministères se retrouvent tiraillés entre les deux parties : Mustapha Mechahouri, ministre du Commerce extérieur est perçu comme un défenseur de l'industrie nationale, en somme, l'instigateur du plan quadriennal de droits additionnels à l'importation. Quant au département de l'Industrie, du commerce et de la Mise à niveau de l'économie dirigé par Salah Eddine Mezouar, sans s'opposer formellement aux producteurs, il souhaite néanmoins que le Maroc n'entame pas sa crédibilité à l'international par des mesures de sauvegarde dont l'efficacité reste à prouver. Mais pour y arriver, doit-on, au nom des accords de l'Organisation mondiale de commerce (OMC), faire sauter les barrières douanières ou prendre l'exemple de certains pays comme l'Union Européenne qui n'a pas hésité à donner un coup de pouce à leurs activités agricoles faisant fi des accords du GATT ? C'est le dilemme auquel sont confrontés nos responsables. Faut-il asphyxier une industrie locale qui emploie directement et indirectement quelque 20.000 personnes et permet une dynamisation de l'économie nationale ou alors ouvrir complètement la porte devant des produits venus d'ailleurs comme le stipule, ou plutôt l'exige cette mondialisation insolente qui balaie tout sur son passage ? Mais en essayant de soutenir une industrie qui souffre de plusieurs maux, ne risquerait-on pas d'entamer sérieusement la crédibilité du commerce extérieur national ? Les céramistes se trouvent dans une situation très délicate. Confrontés à des coûts de production très élevés, pénalisés par la très élevée facture énergétique, ils sont confrontés localement à la concurrence de produits beaucoup plus compétitifs qui ont la cote auprès des consommateurs. Devraient-il fermer boutique et se reconvertir dans un autre secteur d'activité ? Faut-il tout simplement cesser de produire localement et avoir recours uniquement à l'import ? Difficile de trouver la réponse. Mais en attendant, une industrie nationale, faisant vivre des milliers de foyers, connaît des moments pénibles.