La Primature a organisé les 16 et 17 décembre un colloque national dédié à la réforme des régimes de retraite au Maroc. Si rien n'est entrepris dans l'immédiat, les retraités risquent à brève échéance de ne plus percevoir leurs pensions. Le déficit global des caisses de retraite est estimé à quelque 70 milliards de Dhs. Plus le temps passe, plus la facture s'alourdit. C'est dire l'urgence d'une réforme en profondeur d'un système qui pèche par de nombreux dysfonctionnements. Le danger est réel et les mesures doivent être prises sans attendre, au risque d'accélérer la dérive de tout le système des retraites. En consacrant un colloque national à "la réforme des régimes de retraite au Maroc", les 16 et 17 décembre à Rabat, la prise de conscience des enjeux derrière la viabilisation des régimes de retraites est désormais une réalité. «Le gouvernement est déterminé à prendre avec l'audace et le courage nécessaires, toutes les mesures susceptibles de garantir la réforme de ce secteur, en raison de la situation difficile que connaissent la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) et la Caisse marocaine de Retraite (CMR)», déclare le Premier ministre Driss Jettou, en marge de l'ouverture de ce colloque. Le décor est ainsi planté. La réalité actuelle du secteur de la retraite est complexe. Chaque année de retard coûte de l'argent et hypothèque le devenir des actifs que nous sommes actuellement, retraités potentiels de demain. En plus, le système reste disloqué et inégalitaire. Il est constitué de régimes obligatoires pour les secteurs privé et public et d'un régime facultatif, et fonctionne selon un système par répartition. Bien qu'il assume un rôle important sur les plans social et économique à travers la préservation du pouvoir d'achat de certaines catégories sociales et la contribution au développement de l'épargne nationale et à la dynamisation du marché financier, le secteur des retraites commence à poser des problèmes liés principalement aux changements démographiques, dus à l'amélioration du taux d'espérance de vie, à la baisse de l'indice de fertilité et à la diminution du nombre des cotisants par rapport à celui des pensionnés. Les pouvoirs publics ont entamé depuis plusieurs années une série d'études sur les différents régimes de retraite, en vue d'établir le diagnostic des problèmes, de mettre le doigt sur les déséquilibres et de proposer les réformes essentielles à même de garantir continuité et efficacité à ces organismes. Le rapport global élaboré par une commission composée de techniciens des départements concernés souligne que tous les régimes de retraite connaîtront dans un proche avenir un déséquilibre entre leurs revenus et leurs dépenses, qui risque de les rendre incapables de remplir leurs engagements à l'égard des bénéficiaires, si des mesures pratiques ne sont pas prises. Face à la situation difficile que connaissent certains régimes de retraite au Maroc, le gouvernement a pris une batterie de mesures visant à "renforcer la structure démographique et financière" de ce secteur, dans la perspective de l'élaboration d'un "projet de réforme globale" bénéficiant de l'unanimité des différentes parties. À ce propos, le Premier ministre a rappelé les mesures prises pour le redressement de la situation de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), la Caisse marocaine de Retraite (CMR) et la Caisse interprofessionnelle marocaine de Retraite (CIMR), indiquant que les opérations d'intégration des caisses internes de retraite de certains établissements dans le Régime collectif d'Allocation de Retraite (RCAR) a permis d'épargner un montant global de quelque 11 milliards de DH. « Cette intégration permettra aux établissements publics concernés de bénéficier d'une assise financière confortable leur permettant de se focaliser sur leur rôle économique et de préserver les droits de leurs personnels», est-il mentionné La réforme du secteur des retraites nécessite dans une première phase l'adoption d'une stratégie bien définie pour la révision des critères de fonctionnement des régimes de retraite et en second lieu l'harmonisation des régimes pour mieux réduire les disparités et les déséquilibres. Les travaux de ce colloque constituent un premier jalon dans le processus de dialogue et d'échanges d'idées et de points de vue sur la situation délicate des régimes de retraite au Maroc et une occasion pour la recherche des moyens susceptibles de mettre en place un système moderne et développé garantissant la protection des salariés et contribuant à l'expansion de l'épargne publique. Techniquement, les experts sont unanimes : une réglementation du secteur ainsi qu'une vision globale et cohérente de la politique de retraite sont à mettre en chantier. Uniformiser les statuts des caisses et les prestations des régimes existants est assurément la première étape à franchir.