Pour le chercheur et écrivain Saïd Lakhal, l'ex-président du Mouvement Unicité et Réforme (MUR), Ahmed Raïssouni, est « imprégné d'une culture intégriste inacceptable». En attestent les positions radicales de cet homme sur des questions relevant de la politique et du «Fiqh». L'image d'homme « modéré » qu'il veut se donner, est trompeuse. «Ahmed Raïssouni a démontré à plusieurs occasions qu'il était imprégné d'une culture islamiste extrémiste», nous explique le chercheur et écrivain Saïd Lakhal. Voulant s'ériger en « tuteur » des consciences, il a multiplié ces dernières années les «Fatwas» (avis religieux). La plus fracassante reste celle où il a contesté jusqu'à la « commanderie des croyants » à Sa Majesté le Roi Mohammed VI. «Le Roi actuel (le Souverain Mohammed VI s'entend), d'après sa formation, n'a pas la capacité d'édicter des Fatwas qui revient principalement au Commandeur des croyants», avait-il déclaré dans une interview à «ALM» le 12 mai 2003. Chose, poursuit M. Lekhel, qui aurait amené docteur Khatib à traiter M.Raïssouni de «stupide». Ce dernier a dû payer cette dangereuse incartade par sa démission, -au lendemain de sa déclaration fracassante, de la présidence du Mouvement Unicité et Réforme (MUR). Mais cette démission n'a pas fait oublier les frasques de cet homme de tous les excès. Les militants des droits des femmes retiennent toujours de lui sa campagne contre le Plan national pour l'intégration de la femme, sous prétexte que ce Plan est contraire à la Chariâ. Membre important du Parti dit modéré Justice et Développement, l'ex-président du MUR a également mis à mal les relations des islamistes avec les partis démocratiques. D'après M. Lekhel, le docteur Raïssouni jugerait «religieux», et non pas «politique», le conflit entre le PJD et les partis démocratiques. «C'est pour cela que M. Raïssouni n'hésite pas à accuser ces partis de vouloir détruire la religion», nous dit M. Lakhal. Et de rappeler sa déclaration à la chaîne de télévision satellitaire « Al-Arabiya » : «Il y a actuellement nombre de personnes qui appellent à la réforme mais (…) pour elles, cette réforme passerait par la suppression de ce qui reste de la religion ». « De tels propos, explique M. Lekhel, auraient pu susciter la «fitna» ou la guerre civile s'il n'y avait pas eu un Roi sage et des partis politiques mûrs ». Pour la dernière sortie en date de M.Raïssouni, elle concerne ce que son Mouvement a appelé «Vices des festivals urbains». Dans un communiqué publié en «Une» du quotidien islamiste « Attajdid», les amis de M.Raïssouni se sont attaqués en des termes injurieux aux manifestations qui n'ont pourtant d'autre objectif que la valorisation de notre culture. Cette attaque a, là aussi, suscité la colère de plusieurs acteurs de la société, qui ont réagi par médias interposés contre la tendance des intégristes à diaboliser « le droit des Marocains à la fête ».