La journée nationale de mobilisation intersyndicale a été caractérisée par un fort rassemblement des syndicats qui veulent des réponses concrètes à leurs revendications sur l'emploi et les salaires. Hier était un véritable «mardi noir» en France. La journée nationale de mobilisation intersyndicale été caractérisée par une grève générale dans tous les coins de la République. Les organisations syndicales sont parvenues à présenter un front uni pour cette quatrième journée d'action de l'année sur le thème du pouvoir d'achat et de l'emploi et ils envisagent déjà de donner des suites à leur mouvement. Le quotidien L'Humanité parle d'un record en terme de soutien des Français à cette grève, devenu il y a quelques années une tradition. «En dix ans, c'est la première fois qu'une journée de grève interprofessionnelle rassemble autant d'opinions positives. Au plus fort du conflit contre le plan Juppé, début décembre 1995, les Français soutenaient le mouvement à 62 %. Ils sont aujourd'hui 74 % à afficher leur soutien, (42 %) à leur sympathie, (32 %) à la journée de grève et de manifestations organisée demain par tous les syndicats pour défendre le pouvoir d'achat, l'emploi et les droits des salariés,» affirme le quotidien. SNCF, RATP, réseaux urbains de province, trafics aérien et routier ont connu plusieurs perturbations qui reflètent la nette mobilisation des grévistes. Sur les routes, le Centre national d'information routière remarque que la grève "affecte particulièrement les transports en commun" et signale un trafic "très difficile autour des grandes agglomérations". Il recensait 244 km de bouchons cumulés en province aux heures de pointe du matin. En un mot, les syndicats ont fait de cette première mobilisation de la rentrée une véritable démonstration de force pour obtenir du gouvernement et du Medef des avancées concrètes sur l'emploi et les salaires : retrait du contrat nouvelles embauches, déblocage des négociations salariales dans le public et le privé, instauration d'une prime de transport... Les conflits phare d'Hewlett Packard et surtout de la SNCM ont donné, en outre, une tonalité particulière à cette journée. En milieu de matinée, des milliers de manifestants ont commencé à défiler à Marseille, dont d'importants cortèges de salariés de la SNCM et de l'usine Nestlé-Saint-Menet, vouée à la fermeture. Plusieurs milliers de personnes se rassemblaient également à Nice, Clermont-Ferrand et Grenoble, dont plusieurs centaines de salariés de Hewlett-Packard. Les syndicats ont d'ores et déjà annoncé que cette journée ne serait pas un "fusil à un coup". Ils ont ainsi appelé à maintenir la pression dans les entreprises dès le 5 octobre. «Il faut que le gouvernement réponde assez rapidement : on ne va pas lui laisser 15 jours,» a renchéri le leader de FO, Jean-Claude Mailly. Cette mobilisation massive des syndicats risque d'affaiblire d'avantage le gouvernement, selon le quotidien Libération. Dans un article titré «Villepin face à ses premières banderoles», le journal affirme qu'en cas de «journée noire» le Premier ministre, dont la cote de popularité est en pleine croissance, aura le plus grand mal à résister aux assauts des élus UMP.