Le Syndicat des travailleurs corses (STC, nationaliste) a décidé de débloquer tous les ports de Corse, mais le conflit autour de la privatisation de la SNCM est toujours dans l'impasse. Le Syndicat des travailleurs corses (STC, nationaliste) a décidé, dimanche, de débloquer tous les ports de Corse jusqu'à mardi pour permettre aux derniers touristes en attente de quitter l'île. Cependant, le conflit qui est autour de la privatisation de la SNCM perdure. Le Figaro décrit -tout comme Le Monde : une île « sous tension ». Et pourtant, « Paris dorlote la Corse à coup de subventions, d'avantages fiscaux, de facilités en tout genre. Comme si l'insularité était une circonstance atténuante à tous les excès », estime le Figaro. Depuis samedi, le port d'Ajaccio avait recommencé à fonctionner après une intervention des forces de l'ordre. Plus de 5.000 passagers bloqués en Corse sont déjà rentrés sur le continent grâce à des rotations de navires des compagnies Corsica Ferries et CMN depuis Ajaccio. Les mouvements ont repris également dès dimanche après-midi depuis Bastia où quelques milliers de touristes, français et étrangers, sont en souffrance. Le conflit à la Société nationale Corse -Méditerranée (SNCM) qui est entré dimanche dans son treizième jour, est toujours dans l'impasse en dépit du déblocage temporaire des ports corses. Les syndicats ont manifesté samedi à Bastia et à Marseille pour rappeler leur opposition à toute privatisation de la compagnie publique. À Bastia, quelque 2.500 personnes selon la police, 8 à 9.000 selon les manifestants, ont défilé dans le calme au lendemain de la remise en liberté des quatre marins du STC ayant détourné un navire de la SNCM. Des heurts violents ont éclaté ensuite entre un groupe de jeunes encagoulés et les forces de l'ordre. Un policier a été blessé alors qu'un attentat visait une navette des douanes dans le port de Bastia. Le gouvernement, qui souhaitait une privatisation à 100% de la SNCM a revu sa copie et propose aujourd'hui que le fonds d'investissement Butler Capital Partners reprenne 40% du capital de la compagnie maritime publique en difficulté. Connex, filiale de transport du groupe Veolia (ex-Vivendi), en prendrait 30%. L'Etat conserverait 25% et les salariés obtiendraient 5%. Les syndicats réclament que l'Etat reste majoritaire et poursuivent leur grève, bloquant les navires SNCM à quai. Cette semaine s'annonce dure pour le Premier ministre français Dominique de Villepin dont l'ordre d'intervention a permis la récupération du cargo détourné par des militants de la STC. En effet, le Premier ministre devra affronter mardi son premier mouvement social depuis sa nomination à Matignon dans un contexte difficile pour son gouvernement, critiqué pour sa gestion du conflit à la SNCM. « Pour récompense de sa brillante victoire navale dans le golfe de Bastia, Villepin se retrouve avec un blocus général de la Corse, plus celui du port de Marseille, qui continue. C'est ce qu'on appelle faire d'une pierre deux coups de Trafalgar,» a noté samedi le quotidien Libération. Cette journée intersyndicale de mobilisation contre la politique économique et sociale du gouvernement intervient au moment où le Premier ministre, à qui tout semblait réussir jusque là, traverse ses premières difficultés.