Lors de sa campagne en faveur du référendum pour la paix et la réconciliation, le président Bouteflika a verrouillé les médias étatiques devant ses contradicteurs. Seule la thèse “bouteflikienne” est tolérée. Depuis qu'il a annoncé la tenue du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation en Algérie, le président Abdelaziz Bouteflika mène une campagne sans relâche pour rallier les Algériens à son projet. Une campagne caractérisée par une mobilisation sans précédent des médias. A la télévision ou sur les ondes de la radio, les plaidoiries en faveur de la charte se sont multipliés. Entouré de son alliance présidentielle qui regroupe le RND et le FLN, Bouteflika a établi un véritable plan de bataille. Un plan qui se résume en deux mots : la mobilisation et verrouillage des médias étatiques devant toutes les voix opposées. La plupart des partis représentés au Parlement ont soutenu la démarche de Bouteflika à l'exception du plus vieux parti d'opposition le FFS (Front des forces socialistes). Au lieu d'ouvrir un débat politique sur la charte, le pouvoir algérien a marginalisé, entre autres partis opposés, le FFS, vu que ce dernier avait appelé les Algériens à boycotter le référendum. Les opposants au projet n'ont pas pu avoir accès aux médias de masse. Leur seul recours restait la presse écrite libre. Ou plutôt ce qui en reste. Dans un entretien accordé au quotidien El Watan, le président du parti, Hocine Aït Ahmed, a qualifié ce référendum d'une grosse blague. À moins qu'il ne s'agisse d'une brutale amnésie sur mes appels incessants depuis plus de dix ans à tout faire, d'abord pour éviter la rupture de la paix civile, ensuite à ne pas s'enfoncer dans la crise en mettant tout le monde autour d'une table afin d'éviter la dislocation de la société et d'entamer un processus de réconciliation, a-t-il estimé. Cependant, le président Bouteflika ne voit pas les choses du même œil. Son objectif est de faire passer coûte que coûte son projet pour la réconciliation. Tous les moyens étaient bons pour parvenir à cette fin, même l'intimidation. D'après le quotidien El Watan, plusieurs militants du Mouvement démocratique et social (MDS) de feu Hachemi Cherif ainsi que du mouvement FFS ont été arrêtés durant les jours de la campagne. La majorité de ces militants ont été dépouillés, interpellés puis arrêtés. Leur crime : appel au rejet du référendum. Interdits de débattre, devant le grand public, de la charte «bouteflikienne», les opposants au référendum ont eu la malchance de tomber dans un pays où les débats politiques se font à sens unique. La seule thèse tolérée est celle du pouvoir. Pour le reste, c'est-à-dire tout ce qui n'est pas officiel, il est sommé de se taire. Vivement alors la réconciliation.