Après les ministres, le président algérien Abdelaziz Bouteflika s'en prend aux partis de l'Alliance présidentielle ou plutôt de ce qui reste de cette coalition victime, ces derniers temps, de graves fissures. Après le succès de sa dernière sortie médiatique dans laquelle il a traité ses ministres de «menteurs», le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, revient à la charge et s'attaque cette fois-ci aux partis politiques. Et plus précisément aux partis de la coalition formant la majorité du Parlement algérien. Le Chef d'Etat algérien semble ainsi prendre goût aux crises de colère ayant pour but de soigner son image, mais aussi de prouver qu'il est en pleine forme et qu'il tient solidement les rênes du pouvoir. À peine quelques jours de la sortie triomphale, qui avait fait la Une de la presse algérienne, Abdelaziz Bouteflika s'en prend à l'Alliance présidentielle qu'il affirme présider tout en étant indépendant. Lors de son discours, tenu avant-hier à l'auditorium de l'université islamique Emir Abdelkader de Constantine, il a accusé les partis politiques surtout l'alliance de n'être présents qu'au moment des élections. «On a beaucoup entrepris ensemble et pris des décisions importantes mais, hélas, sur le terrain rien n'a été fait par les partis de l'alliance pour expliquer au peuple ce qui a été fait à ce sujet. On vous voit uniquement lors des campagnes électorales, » a-t-il martelé. Ces derniers temps, lorsque le président algérien était en convalescence après son retour de France où il fut hospitalisé, des guerres ont éclaté entre les patrons des partis de l'alliance. Déclarations contradictoires doublées d'accusations croisées, la scène politique algérienne paraissait trop confuse. Une atmosphère de méfiance régnait en Algérie à tel point que certains observateurs commencèrent déjà à invoquer l'ère après-Bouteflika. S'adressant au secrétaire général du FLN (Front de libération nationale), Abdelaziz Belkhadem, et à Bouguerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix, le président Bouteflika a lancé cette phrase reprise en grand titre par le quotidien El Watan : « Arrêtez de vous chamailler ! » «Le discours sans la méthode,» a titré, pour sa part, l'éditorialiste du quotidien «Liberté» qui juge que «dans ce genre de situation, des décisions doivent tomber pour donner un sens au discours d'autant que le Chef de l'État est attendu sur l'avancement des chantiers de la relance économique. » Ayant pris l'habitude, lors de ses longs discours, d'étaler ses multiples «exploits», le président algérien n'a pas raté cette occasion pour parler de sa charte pour la paix et la réconciliation dont il est extrêmement fier. Et il a affirmé avoir passé des nuits blanches pour prendre des décisions inhérentes à cette charte qui représente à ses yeux l'unique alternative : « S'il y a une solution en dehors de la Charte, je suis preneur. J'ai eu mal et cela m'a occasionné des nuits blanches. Nous n'avons d'autres solutions pour régler les problèmes de notre société que la réconciliation. » Le président algérien semble ainsi oublier que lors de sa campagne pour la fameuse charte, il avait verrouillé les médias pour empêcher ses opposants de s'exprimer. Ils n'ont pas eu le droit de donner des propositions ou encore d'exprimer leur avis sur le texte. Même après le référendum, dont les résultats furent contestés, Abdelaziz Bouteflika a court-circuité les institutions démocratiques du pays en optant pour des ordonnances présidentielles.