Avec la révision constitutionnelle très contestée, le Front de libération nationale (FLN), ex-parti unique, compte instaurer un système politique longtemps révolu. Sur le plan politique, l'atmosphère se réchauffe en Algérie. Le projet de révision de la constitution, proposé par le Front de Libération nationale (FLN), continue à alimenter la polémique et provoque des dissolutions au sien même de l'ex-parti unique. Après la nomination d'Abdelaziz Belkhadem comme chef du gouvernement, le parti présidentiel accélère la cadence et passe à la vitesse supérieure. Une réunion exécutive du FLN devra examiner, jeudi prochain, les propositions relatives à cette révision afin de les adopter avant que le secrétariat du parti, composé de cinq membres dont le secrétaire général, ne le remette de manière officielle au président de la République le 22 juin 2006. Le FLN fait ainsi oreille sourde face aux protestations de l'opposition et de celles de ses anciens alliers : le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le Rassemblement national démocratique (RND), partis de la coalition ayant parmi la réélection du président Bouteflika. À peine élaborées que les propositions du FLN commencent déjà à faire la Une des journaux algériens. D'après le quotidien "L'Expression", «la fuite organisée» sur la mouture de la nouvelle Constitution a provoqué une violente polémique au sien du parti. « Cette situation mettra M.Belkhadem en mauvaise posture dans la mesure où le document divulgué n'a pas été encore remis au président la République», ont affirmé au journal des responsables du FLN. Que contient donc cette mouture de la nouvelle Constitution dont la presse a fait écho ? En résumé, la présidence à vie et le renforcement des prérogatives du Premier ministre le rendant ainsi au-dessus du Parlement. Bien que le mot "présidence à vie" ne soit évoqué par les dirigeants du FLN, les dispositions prévues par ce projet vont dans ce sens. Le texte prévoit un outil dans les dispositions transitoires où le Premier ministre en poste occuperait de plein droit le poste de vice-président puis de président de la République en cas de vacance définitive du poste. S'il y a vacance du poste de président de la République, le vice-président occupe de plein droit le poste de président pour le reste du mandat. Le parti de Belkhadem qui plaide pour l'amendement de l'article 74 de la Constitution en supprimant le nombre de mandats veut aussi permettre au vice-président de se présenter aux élections et donc de ne pas s'affaiblir. Le FLN se dit pour un régime présidentiel où le président de la République est l'unique chef du pouvoir exécutif qui définit la politique générale du gouvernement dans tous les domaines. «Un Etat démocratique ou un Etat en transition permanente ?», s'interroge le quotidien "El Watan". L'éditorialiste du journal "L'Expression", lui, voit dans les propositions du FLN, «un virage mal négocié». Et s'interroge si « l'Algérie est-elle prête à faire ce saut dans l'inconnu ? ». Une chose est sûre, les propositions du FLN offrent un boulevard au successeur du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, et couronne le retour du parti unique. Momie Abdelaziz Belkhadem, en tant que patron du FLN, a proposé une réforme de la Constitution algérienne. Objectif principal déclaré, permettre à l'un de ses mentors, qui n'est autre que le septuagénaire chef de l'État Abdelaziz Bouteflika, de briguer un troisième mandat. Rien que ça. Un président à vie qui a tous les droits, seul homme à bord qui défie les pesanteurs politiques en étant au-dessus des lois qu'il dit et promulgue en même temps! Vive Bouteflika, il veut être adoubé roi sur le tard. À moins que ce ne soit le dernier caprice d'un personnage qui vit hors du temps lui et les thuriféraires du pouvoir en place. Les promoteurs zélés de cette réforme à la soviétique la justifient par le fait que “les exigences de la stabilité politique et institutionnelle dans un État qui vient de sortir d'une crise multiforme suppose de n'imposer aucune restriction à la question du renouvellement de la confiance“ au président. Défense de rire sous cape. Chantons tous un alléluia à la santé de Monsieur le président à vie. Tant qu'à faire, Bouteflika devrait exiger aussi d'être momifié. Tout cela n'est-il pas beau, moderne et tourné vers l'avenir ? • Abdellah Chankou [email protected]