Malaise social, économie en panne de croissance, autisme politique…l'Algérie craque de toutes parts. Le pouvoir algérien, lui, maintient son obstination à servir les intérêts particuliers au détriment du bien-être de la collectivité. L'Algérie craque de toutes parts. Sur le plan social, près de 12 millions d'Algériens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Sur le plan sécuritaire, les actes terroristes se multiplient et gagnent du terrain. Et sur le plan économique, le pays n'arrive toujours pas à décoller alors que le chômage ne cesse de progresser. Pourtant, le pouvoir algérien possède tous les atouts pour éradiquer les maux dont souffre le pays. Mais il a, apparemment, d'autres ambitions que de servir le peuple algérien. La réforme constitutionnelle, par exemple. L'objectif est de permettre au Front National pour la Libération (FLN), ex-parti unique, de maintenir, voire renforcer sa mainmise sur le pouvoir. Un troisième mandat pour le président Abdelaziz Bouteflika doublé d'un poste de vice-président devra suffire. Cette réforme sera, sans nul doute, une dernière pierre d'un édifice couronnant le plein pouvoir du parti. Et pour y arriver, tous les moyens sont bons. La révision constitutionnelle a déjà provoqué le délitement de l'Alliance présidentielle, regroupement politique des trois partis représentés au gouvernement, le FLN, le RND (Rassemblement national pour la démocratie), et le MSP (Mouvement de la société pour la paix). En nommant Abdelaziz Belkhadem, chef du FLN, à la tête du gouvernement, le président algérien a donné un coup dur à ses alliés. Une sorte de trahison puisque Belkhadem, lui-même, demandait auparavant la nomination d'une personne apolitique à la place de l'ancien Premier ministre Ahmed Ouhayia. Un virage que les deux autres partis de l'Alliance - ou plutôt de ce qui reste de l'Alliance - ont eu du mal à digérer. Pour l'éditorialiste du "Jour d'Algérie", cette « révision constitutionnelle se propose rien que de toucher aux piliers d'une stabilité institutionnelle laborieusement obtenue, en modifiant de façon tout à fait arbitraire des équilibres constitutionnels dont l'éventuel dérèglement ne fera que replonger le pays dans une nouvelle crise dont il n'est pas sûr qu'elle puisse être maîtrisée par quiconque ». Et d'ajouter que « Abdelaziz Belkhadem vient en parfait apprenti-sorcier, décider d'ouvrir la boîte de Pandore et libérer les démons du populisme en économie». Sa démarche, selon l'éditorialiste, «confirme le côté aventuriste d'un FLN trop occupé à accaparer le pouvoir pour songer un seul instant aux intérêts de l'Algérien et des Algériens». Dans un entretien publié dans le quotidien français "Le Parisien", Saïd Saâdi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), lui, affirme que le président Bouteflika avait tout pour réussir, notamment l'extinction du terrorisme, la flambée du prix du pétrole, le consensus dans le pays et la bienveillance internationale. Seulement, ajoute-t-il, « on a eu la généralisation de la corruption, l'explosion de la délinquance, la paralysie économique, l'aggravation de la misère sociale et l'instabilité politique.» Où va l'argent du pétrole ? Les retombées de la manne pétrolière semblent échapper à une bonne partie de la population algérienne, a souligné le chercheur suisse Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le Monde arabe et méditerranéen (CERMAM), dont le siège est à Genève. Cité dans un article publié sur le site Internet "SwissInfo", en marge de la visite de la ministre suisse des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey à Alger, M.Abidi rappelle que près de 12 millions d'Algériens vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon le Rapport mondial sur le développement humain 2004, établi par le Programme des Nations unies pour le développement.