Ce jeune homme de trente-deux ans qui se tient au box des accusés à la salle d'audience de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca est très calme. Il répond nonchalamment aux questions de la Cour et l'audience l'entend à peine. Il faut dire que le mis en cause est un habitué de ce box. Car il a purgé, depuis son vingtième printemps, six peines d'emprisonnement ferme, toutes pour agression, violence à l'arme blanche, coups et blessures et viol. Cette fois, il est poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner. Il n'essaye pas de se disculper, mais il affirme qu'il a réagi en état de légitime défense. Pourtant, le procès-verbal de son audition dit qu'il est l'agresseur. Il raconte qu'il était en compagnie de son voisin du quartier, un jeune homme de vingt-six ans. Dans un coin obscur, ils se soûlaient lorsqu'un malentendu a éclaté entre eux à propos d'une jeune femme. Cette dernière était la maîtresse de la victime. Mais sous l'effet de l'alcool, le mis en cause a expliqué à son ami que sa maîtresse se rendait chez une proxénète qui lui procurait des clients. Ne croyant pas à ses paroles, la victime a perdu tout contrôle de ses nerfs pour saisir un couteau et tenter de poignarder le mis en cause. Ce dernier qui semble plus fort que son antagoniste est arrivé à frapper la victime tout en lui arrachant son couteau et lui asséner un coup à la poitrine. La victime qui a été évacuée vers le service des urgences de l'hôpital Ibn Rochd, à Casablanca, a fini par rendre l'âme. Jugé coupable, le mis en cause a écopé de douze ans de réclusion criminelle.