Dès qu'il se tient au box des accusés, à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, ce jeune homme de vingt-six ans, tout en larmes, regrette d'avoir tué son propre frère, son aîné de huit ans. Mais il assure qu'il n'avait pas l'intention de le faire. Drogué et soûlard, il ne pensait qu'à se procurer l'argent pour acheter sa dose en haschich et en boissons alcoolisées. Et c'est sa pauvre mère qui satisfaisait souvent ce besoin. Mais si elle avait le malheur de dire qu'elle n'avait pas un sou, ce jeune homme devenait furieux et l'insultait. Certes, son unique frère lui demandait à chaque fois de laisser sa mère tranquille et chercher un emploi pour gagner sa vie et subvenir à ses propres besoins. Mais en vain. Pire encore, parfois il l'insultait également. C'est ce qui est arrivé, la dernière fois, quand ce jeune homme a perdu tout contrôle de ses nerfs lorsque son frère aîné l'a giflé. En fait, le mis en cause avait insulté sa mère qui n'avait plus d'argent à lui donner. Il l'a même qualifiée de proxénète de ses propres filles. Une insulte qui a mis son frère hors de lui et l'a giflé. Indigné, le drogué rentre à la cuisine et s'arme d'un couteau. Il pousse violemment sa mère qui tente de s'interposer puis s'approche de son frère et lui assène un seul coup à la poitrine. Tombée par terre, la victime est évacuée vers le service des urgences de l'Hôpital Moulay Youssef où elle rend l'âme. Arrêté, le meurtrier avoue son crime. Verdict : Jugé coupable pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner tout en bénéficiant des circonstances atténuantes, le fratricide a écopé de douze ans de réclusion criminelle.